Comment débloquer un écrou-vis rouillé ou grippé ?

On peut noter également un autre phénomène pouvant être la cause du blocage vis/écrou appelé grippage. Il est rencontré dans de nombreux situations mécaniques lorsque deux pièces métalliques sont soumises à des frottements.

Nous allons dans cet article évoquer, comment éviter ou solutionner un tel incident qui peut avoir des conséquences majeures notamment lorsqu’il immobilise une ligne de production. Néanmoins, ce cas critique, reste anecdotique, car il est pris très au sérieux par les équipes de maintenance.

Il peut malgré tout se présenter là où nous ne l’attendons pas !

Le grippage est un phénomène bien connu des mécaniciens. Il est lié à des transferts de particules entre deux surfaces en frottement. Dans le cas d’un assemblage vis-écrou, le frottement entre les filets vient détacher des particules de matière. L’accumulation de ces particules vient freiner et finit par bloquer l’assemblage. Le phénomène est d’autant plus prévisible que la nature du matériau est sensible à la friction, on note parmi ces matériaux l’aluminium, l’acier inoxydable et le titane.

La corrosion est la résultante d’une réaction chimique appelée oxydation. Elle a pour effet de transformer certains matériaux en oxyde, l’état naturel dans lequel, ils sont extraits des minerais. Le processus est déclenché au contact de l’eau et du dioxygène présent dans l’air. Il se propage plus ou moins rapidement selon la constitution de l’alliage métallique et des traitements de surface.

Le serrage du système vis-écrou sollicite les filets et altère leur revêtement. Les altérations ont pour effet de favoriser la corrosion. De plus, l’association des filets crée un phénomène de capillarité entre la vis et l’écrou, ce qui ajoute un facteur d’accélération au processus lors de projection de liquide.

Le processus d’oxydation a pour effet de former une couche de corrosion augmentant le volume des pièces attaquées. Ainsi une pression supplémentaire s’applique sur les filets crée des liaisons qui solidarisent l’assemblage et le bloque.

Alors, quels sont les moyens d’éviter le blocage vis-écrou et quels sont les moyens pour débloquer un tel assemblage ?

Une pièce métallique attaquée par la corrosion

Lors de l’entretien des machines et structures mécaniques, la lubrification est essentielle pour garantir la durée de vie et les performances des pièces en mouvement. Cependant, les agents de maintenance ont conscience que l’entretien des assemblages statiques est également d’une importance cruciale pour garantir des interventions sereines. Et oui, il n’y a rien de plus agaçant que de se retrouver confronter à une vis récalcitrante lors d’une intervention. Ce qui peut être préjudiciable notamment lorsqu’une machine de production est à l’arrêt.

La lubrification avant l’assemblage est la règle. Le lubrifiant a pour vocation de protéger les surfaces des filets contre la corrosion, mais également de limiter la contrainte mécanique sur les filets qui est la principale cause de grippage.

Le choix du lubrifiant doit faire l’objet d’une attention particulière en prenant en compte : la nature des matériaux et des conditions auxquelles le montage est soumis, température, humidité, projection de produits chimiques etc... Un lubrifiant à sec à base de Bisulfure de Molybdène est une solution particulièrement adaptée. Exempte de corps gras, il évite la formation des dépôts de poussière ou d’impuretés entre les filets.

Avant toute action, l’observation est primordiale. Elle permet d’alerter sur les difficultés éventuelles à desserrer la fixation. En effet, les traces de corrosion plus ou moins importante permettent d’envisager le recours à des moyens spécifiques. Dans le cas où aucune présence de rouille n’est observée, il est néanmoins utile de rechercher les traces d’une éventuelle lubrification. La présence du lubrifiant permet d’envisager un desserrage serein avec des moyens traditionnels, clé plat ou clé à molette. Dans le cas contraire, l’absence de lubrifiant ne peut pas écarter un éventuel grippage.

Une règle d’or, Ne jamais forcer ! En effet, l’effort peut être contreproductif, il peut amener à la rupture de la vis ou détériorer suffisamment la tête de vis pour rendre son déblocage impossible.

A quel moment appliquer un dégrippant ?

La première action pour venir à bout d’un assemblage bloqué consiste à appliquer un dégrippant. Le produit a la capacité de pénétrer entre les filets afin de fragiliser la corrosion ou les dépôts liés au grippage. Cependant, il faut être patient et laisser agir le produit, voire, répéter l’opération plusieurs fois. Ce qui est un inconvénient majeur lorsque le dépannage est urgent.

Les produits dégrippants ont une action chimique et lubrifiante, cependant, certains apportent une action supplémentaire : le choc thermique par le froid afin accroître la scission de la rouille par effet de dilatation.

Quelles sont les outils les plus adaptés ?

Si la tête de vis montre des signes de corrosion, il est préférable d’opter pour des clés à œil ou douilles hexagonales, voire bi-hexagonales. Ces outils prennent appui sur les six faces de la tête pour une meilleure répartition des forces. Lorsque malheureusement la tête de vis est trop émoussée, la pince à griffes apportera la force de préhension nécessaire pour poursuivre l’opération de déblocage.

Comment débloquer un écrou par choc thermique ?

Comme, nous avons évoqué plus haut, le choc thermique par le froid est une méthode pour fragiliser la rouille. Cependant, le choc thermique par le chaud est plus fréquemment employé. L’application de cette méthode s’effectue en générale avec un chalumeau ou un pistolet à air chaud. Comme pour la méthode par le froid, la force de dilatation des matériaux au moment du refroidissement fragilise les liaisons créées lors du processus d’oxydation ou de grippage.

Comment débloquer un écrou par choc mécanique ?

Les tournevis à frapper ou clés à chocs dotés des embouts adaptés peuvent venir à bout de la vis grippée ou rouillée. Les chocs occasionnés peuvent casser les liens entre les filets. Cette technique est utilisée dans les garages pour le desserrage notamment des gougeons des roues de véhicules. Si l’outillage vous manque sachez qu’il est possible de tenter l’opération en frappant la visserie à l’aide d’un marteau.

Comment extraire une vis ou goujon cassé ?

Lorsque la tentation d’user de la force l’a emporté, il arrive que la vis casse dans son trou. Dans ce cas, la préhension de la vis est rendue impossible par les moyens traditionnels. Deux solutions s’offrent à nous.

• La première consiste à percer dans la vis de part en part et de tarauder à nouveau le pas de vis. Cette méthode demande beaucoup de précision, c’est pourquoi l’utilisation d’une perceuse à colonne est recommandée lorsque ceci est possible ainsi que de forets et tarauds de qualité.
• La deuxième méthode utilise un foret tourne à gauche appelé également queue de cochon afin d’extirper la vis cassée dans son logement. La première étape consiste à percer un trou au centre de la vis, pour permettre d’insérer l’extracteur. Une fois, la queue de cochon insérée dans le trou de perçage, le dévissage dans le sens antihoraire peut être opéré à l’aide d’une pince universelle ou d’une dé-visseuse électrique.

Que pensez-vous de la meuleuse ?

La meuleuse peut, dans certains cas, être le dernier recours pour extraire un assemblage vis-écrou à condition que l’espace soit suffisant. Equipée d’un disque fin, elle peut être également utilisée pour retravailler une tête de vis endommagée par la rouille afin de lui redonner une prise acceptable. La création d’une rainure afin d’insérer un tournevis plat peut être également envisagée.

Malgré les campagnes de lubrification des équipes de maintenance permettant d’éviter le grippage ou l’oxydation des assemblages à visser, le blocage d’une vis-écrou peut se présenter. Dans ce cas, la règle principale est de garder son calme et de ne pas céder à l’usage de la force. L’utilisation d’un dégrippant est préconisé dans un premier temps et s’avère suffisant dans la majorité des cas. Cependant, si l’attaque chimique ne suffit pas, de nombreuses méthodes s’offrent à nous. Notamment, celles utilisant les chocs thermiques ou mécaniques mais aussi des outils spécifiques comme les clés bi-hexagonales, les pinces à griffes et queues de cochon, ou plus radicale, employant une meuleuse.