Tout sur le recyclage des déchets électroniques

Du gaspillage électronique au recyclage solidaire, quelle seconde vie pour nos smartphones, clefs USB et ordinateurs ?

Selon un rapport rédigé sous l’égide des Nations Unies, seuls 20% des 45 millions de tonnes de déchets électroniques sont recyclés. C’est une véritable fortune qui se perd, en étant enfouie ou brûlée dans ces incinérateurs. Car nos Déchets Electriques Et Electroniques (également appelés par leur acronyme DEEE ou D3E), contiennent des matériaux précieux, comme de l’or, de l’argent, du platine ou du cuivre. Parmi les DEEE, nous comptons les objets de notre quotidien, comme les smartphones, les réfrigérateurs, les micro-ondes et les télévisions, à titre d’exemples.

Quels sont les 6 réflexes à adopter pour réduire nos déchets électroniques et
les recycler ?

Qu'en est-il du recyclage en France ?

Chaque année, les français jettent entre 17 et 23 kilogrammes de déchets électriques et électroniques. Camille Lecomte, chargée de la campagne Modes de production et de consommation responsables, chez les Amis de la Terre, l’affirme : « le premier maillon de la chaîne, c’est le consommateur ».

En effet, les consommateurs n’adoptent pas toujours le réflexe de trier leurs DEEE et de les apporter aux points de collecte. Une autre problématique repose du côté des recycleurs, qui rencontrent des difficultés avec le traitement des DEEE. À titre d’exemple, seuls 9 des 40 métaux qui composent un smartphone peuvent être recyclés à plus de 50%. En France et dans l’Union Européenne, les DEEE collectés par les filières agréées sont traités en veillant à la protection de l’environnement et en respectant de nombreuses normes environnementales.

Le recyclage des DEEE, vecteur d'emplois
et d'initiatives citoyennes
dans l'Hexagone

Chaque année dans l’Hexagone, la filière de collecte et de traitement des déchets électriques et électroniques traite efficacement plus de 600 000 tonnes de DEEE En un peu plus de dix ans, plus de 3 000 emplois ont pu être créés !

Par ailleurs, les mesures de réemploi se sont bien développées en France, notamment concernant les gros appareils ménagers comme les lave-vaisselles, les gazinières, etc. Les initiatives associatives à l’image d’Emmaüs y contribuent grandement.

Tour de France du gaspillage

Tandis que les technophiles campent devant les magasins Apple pour pouvoir acquérir le tout dernier IPhone sorti sur le marché, des millions d’euros sont gaspillés chaque année dans l’envoi - souvent illégal - de milliers de tonnes de DEEE à l’étranger. Cette consommation effrénée est également appelée e-waste.

Depuis une dizaine d’années, les filières agréées de recyclage se sont organisées pour effectuer des campagnes de prévention auprès des citoyens, collecter, trier et donner une nouvelle vie aux déchets électriques et électroniques. Mais il y a un hic : seulement un peu plus d’un tiers de ces déchets sont recyclés par les filières agréées par l’Union Européenne. De plus, la quantité de DEEE émise en France augmente de 2 à 3% chaque année.

Qu'en est-il de la nouvelle règlementation de l'Union Européenne ?

Pour lutter contre cette problématique grandissante, l’obligation de collecte des états membres de l’UE va être augmentée petit à petit, et les contrôles à l’export seront renforcés. Pour cela, le mode de calcul des collectes va également être revisité à partir
de 2019 Les États membres auront le choix entre deux modes de calcul :

• soit 65% du poids moyen d’EEE mis sur le marché au cours des 3 années précédentes
  (environ 14 kg / habitant en France)
• soit 85% de la quantité de DEEE générés sur le territoire

Combien de DEEE sont produits
annuellement en Europe ?

D'après les données du Global E-waste Monitor 2017, la moyenne européenne de production annuelle de DEEE s’élevait à 16,6 kilos par habitant en 2016, soit 12,3 mégatonnes de déchets électriques et électroniques.

• la Norvège, avec 28,5 kilos en moyenne par habitant
• le Royaume-Uni, avec 24,9 kilos
• le Danemark, avec 24,8 kilos également
• la France, avec 21,3 kilos

Tour du monde du recyclage

Si le recyclage des DEEE en France est vecteur d’emplois et respecte les normes environnementales, les efforts internationaux visant à contrôler la filière sont confrontés à un problème majeur : seuls 41 pays dans le monde fournissent des statistiques sur le devenir de ces déchets.
En effet, 66 pays n’ont pas voulu- ou n’ont pas été dans la mesure – de fournir de données sur le sujet, à la demande des Nations Unies et de l’OCDE. L’explication est simple : dans de nombreux pays en voie de développement, les gouvernements ne prennent pas de mesures concrètes concernant la gestion de ces déchets.

L’équivalent de 4 500 Tours Eiffel de déchets électroniques a été généré dans le monde en 2016

…soit 9 pyramides de Gizeh ou 44,7 mégatonnes de déchets électriques et électroniques, et l'équivalent de 1 400 kg par seconde,
révèle un rapport de l’ONU.

Quels sont les « bons et les mauvais élèves » en matière de recyclage des DEEE ?

L’Europe fait figure de modèle en collectant 35% des DEEE. Le Vieux Continent est loin devant l’Amérique (17%), l’Asie (15%), l’Océanie (6%) et l’Afrique (0%).
Néanmoins, le rapport des Nations Unies dévoile que le nombre de pays qui s’engagent en faveur de l’environnement augmente chaque année. D’ailleurs, les deux pays les plus peuplés au monde - et qui polluent le plus - à savoir l’Inde et la Chine, ont également mis en place un programme de recyclage des DEEE, ce qui pourrait changer le bilan. Une bonne nouvelle, sachant que des experts estiment que la masse des déchets électroniques devrait augmenter de 17% d'ici à 2021.

Mais qu’arrive-t-il à nos déchets ?

Pour pouvoir extraire les métaux précieux des DEEE, qui serviront à fabriquer de nouveaux équipements électroniques, les déchets sont traités de manière artisanale, par exemple en les brûlant à l’air libre. Les cartes-mères sont quant à celles-ci plongées dans de l’acide chlorydrique pour récupérer l’or. Une fois ces composants précieux extraits, les déchets sont soit enterrés, soit incinérés.
Le problème ? L’incinération entraîne la pollution de l’air, et l’enfouissement provoque l’empoisonnement des sols.

Dans un avenir proche, il y aura plus de téléphones portables sur terre que
d’êtres humains

Environ 350 000 téléphones portables sont jetés quotidiennement. Non seulement les matériaux précieux, comme l’or ou l’argent, ne peuvent pas être récupérés, mais les équipements électriques et électroniques contiennent des substances dangereuses pour l’être humain et l’environnement. Les DEEE contiennent en effet des gaz à effet de serre, du mercure, du nickel, des PCB (qui sont des composés organiques chlorés), et la liste est longue. Aux États-Unis, l’ensemble de l’or et de l’argent contenu dans les téléphones portables jetés annuellement représente 60 millions de Dollars...

Upcycling de luxe

Un gaspillage colossal, contre lequel le constructeur informatique Dell a décidé de lutter, en lançant une collection de bijoux composés à partir de vieux téléphones ou d'ordinateurs hors d'usage. L’objectif est de sensibiliser sur la question du recyclage des déchets électroniques, auquel l’entreprise prend part. Aujourd’hui, près de deux milliards d’ordinateurs sont en circulation dans le monde.

Les objets électroniques font partie intégrante de notre quotidien et sont devenus incontournables. En adoptant les bons réflexes, en favorisant l’économie circulaire et en réduisant sa consommation de déchets électriques, nous avons tous les moyens d’être plus responsables vis-à-vis de l'environnement.

Sources: https://bit.ly/2IZqHnU