- Publié le 29 juin 2023
- Mis à jour le 16 avr. 2024
- 15 min
Quelles sont les règles de sécurité nécessaires aux interventions électriques ?
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Article publié le 22/06/2023
Les interventions sur les installations électriques sont sources de risques importants pour ceux qui les pratiquent. Un accident d’origine électrique peut avoir de graves conséquences sur les biens, mais aussi sur les personnes, pouvant aller jusqu’à la mort. La prévention du risque électrique repose sur deux grands axes : la mise en sécurité des installations et les règles de sécurité lors des interventions.
Les dangers de l’électricité
L’électricité est une énergie constituée d’électrons libres qui se déplacent dans un matériau conducteur (métal, graphite, eau, mais aussi corps humain…). Un courant électrique se définit par trois grandes grandeurs :
- l’intensité mesurée en ampères (A) qui correspond à la quantité d’électricité débitée par seconde par le générateur de courant ;
- la puissance du courant électrique est mesurée en watt (W) et correspond à sa consommation d’énergie par unité de temps ;
- la tension électrique correspond à la circulation du champ électrique et se mesure en volts (V) CA (ou AC) pour un courant alternatif et CC (ou DC) pour un courant continu. On distingue la très basse tension (TBT) inférieure à 50 V CA / 120 V CC, la basse tension (BT) inférieure à 1000 V CA/1500 V CC, la haute tension A (HTA) inférieure à 50 000 V CA/75 000 V CC et la haute tension B (HTB) supérieure à 50 000 V CA / 75 000 V CC.
Quels sont les effets de l’électricité sur l’organisme ?
Les effets de l’électricité sur l’organisme sont de plusieurs ordres. Ils dépendent du type de contact :
- le contact direct intervient avec un élément électrique nu sous tension (borne de raccordement, fil électrique dénudé…) ;
- le contact indirect s’effectue avec une pièce conductrice accidentellement mise sous tension, par exemple une armoire métallique mise en contact avec un fil électrique dénudé sous tension ;
- l’arc électrique peut apparaître à l’ouverture ou la fermeture d’un circuit électrique.
Les contacts directs ou indirects provoquent la tétanisation des muscles du cœur ou respiratoires, la fibrillation des ventricules et l’inhibition des centres nerveux. Ces phénomènes peuvent amener à l’arrêt cardiaque. On parle d’électrisation lorsque le courant électrique traverse le corps humain sans provoquer la mort et d’électrocution lorsque le courant électrique provoque le décès de la personne.
Les arcs électriques peuvent provoquer des brûlures plus ou moins importantes sur le corps humain. Ils sont aussi à l’origine d’incendies ou d’explosions s’ils interviennent à proximité de matériaux inflammables ou explosifs.
Quels sont les risques liés aux interventions sur installations électriques ?
Il existe plusieurs facteurs d’accidents d’origine électrique. Le non-respect des règles de sécurité lors de la conception de l’installation électrique ou le mauvais état du matériel est un facteur très courant : c’est pourquoi des normes et des règles concernant la conception et le contrôle des installations ont été édictées. L’utilisation inappropriée du matériel par des personnes non formées ou mal formées aux risques électriques, ainsi que le non-respect des règles de sécurité lors des interventions sont le deuxième facteur de risque d’accident électrique.
La mise en sécurité des installations
La première chose à faire pour protéger les personnes est de mettre en sécurité les installations électriques. Pour cela, les entreprises doivent respecter certaines obligations et normes.
Quelles sont les obligations des entreprises concernant la sécurité des installations électriques ?
Les installations électriques doivent être conçues et maintenues conformément aux normes électriques en vigueur en fonction de la tension délivrée :
- NFC 15-100 pour la basse tension
- NFC 12-100/200 pour la haute tension.
L’employeur doit aussi surveiller les installations électriques et en assurer la maintenance dès que c’est nécessaire. Des vérifications de conformité doivent être effectuées obligatoirement avant la mise sous tension, avant la mise en service et au moins une fois par an (vérification périodique).
Quelles sont les prescriptions ?
Les matériels et installations électriques doivent d’abord protéger les personnes contre les contacts directs notamment en éloignant les installations et en leur affectant une barrière ou une enveloppe protectrice (armoire électrique, boîtier, écran…) dont l’ouverture n’est possible qu’avec une clé ou un outil. Les parties actives sont également isolées avec un matériau ne pouvant être enlevé que par destruction.
Pour protéger contre les contacts indirects, l’installation électrique doit être raccordée à la terre avec une coupure automatique de l’installation en cas de fuite de courant (cette obligation est définie dans la norme NFC 15-100). Une double isolation peut aussi être mise en place.
Contre les surintensités (surcharges et courts-circuits), la meilleure protection reste la mise en place d’un disjoncteur qui coupe le circuit en l’ouvrant lorsqu’une valeur donnée est dépassée (par exemple 30 mA dans une installation domestique).
Les catégories de sécurité électrique
La norme IEC 61010 est celle qui régit les installations électriques ayant une tension inférieure à 1000 volts. Communément appelées installations basse tension, la norme en vigueur dans cette tranche ressort les catégories de sécurité y afférentes. Ces catégories de surtension, comme on les désigne habituellement, correspondent, chacune, à un niveau de dangerosité. Dans une installation électrique, chaque catégorie de surtension appartient à une zone précise.
L’utilisation d’un appareil de mesure
Le niveau de dangerosité d’une zone de travail est défini par une catégorie de surtension. De ce fait, l’utilisation d’un appareil de mesure électrique requiert qu’une attention particulière soit portée sur les catégories de sécurité électrique mentionnées sur ledit appareil. À titre d’exemple, le branchement d’un multimètre sur une installation pour une prise de tension expose l’utilisateur à des risques élevés du fait de la dangerosité des niveaux de tension disponibles. C’est dans le but de mieux protéger et sécuriser ces derniers que les appareils de mesure sont munis de bornes protégées. En effet, la catégorie de surtension prescrit le type de protection approprié pour chaque appareil. En d’autres termes, si votre appareil est conçu pour travailler dans la catégorie de surtension CAT II par exemple, il est fortement déconseillé de l’utiliser pour une prise de mesures devant intervenir dans une zone d’installation de catégorie CAT III.
En plus de cette catégorisation, le niveau de tension spécifique est un autre élément à prendre en compte lorsque vous utilisez un appareil de mesure. Comme la catégorie de surtension, le niveau de tension spécifique est également indiqué sur chaque appareil de mesure. Il est très courant de lire sur un multimètre, la mention suivante : CAT III – 600V. Cette mention signifie que pour un usage sécurisé de votre appareil, vous ne pouvez l’utiliser que dans une zone d’installation de catégorie III et sous une tension de 600 Volts. À tout prendre, cette mention est un avertissement à ceux qui seraient tentés d’utiliser ce multimètre sous une tension supérieure, 1000 Volts par exemple. Même si vous êtes dans la même catégorie de surtension, une telle manipulation est à éviter.
Tableau récapitulatif
Catégories | Tension (DC ou AC RMS) | Pic transitoire d'impulsion (20 répétitions) | Source de test | Courant de court-circuit présumé |
---|---|---|---|---|
CAT II | 300 V 600 V 1000 v | 2500 V 4000 V 6000 V | 12 Ω | <10kA |
CAT III | 300 V 600 V 1000 V | 4000 V 6000 V 8000 V | 2 Ω | 10kA-50kA |
CAT IV | 300 V 600 V 600 V | 6000 V 8000 V 12000 V | 2 Ω | >50kA |
Tableau d'usage
Le tableau ci-dessous vous permet de connaître la catégorie de surtension dans laquelle vous vous trouvez au cours d’une intervention. Une vérification s’impose pour vous assurer que votre appareil est compatible à cette catégorie de surtension.
Catégorie de surtension | Exemples d'utilisation | Types d'appareils |
---|---|---|
CAT I | Appareils électroniques | Appareils électroniques protégés Appareils branchés sur des circuits protégés contre les surtensions transitoires Toute source basse énergie dérivée d’un transformateur à forte résistance de bobine (Ex : partie haute tension d’un photocopieur) |
CAT II | Charges connectées à une prise monophasée | Appareils électriques & ménagers, instruments portables... Prises & circuits de dérivation longs (>10 m d’une source CAT III. >20 m d’une source CAT IV) |
CAT III | Distribution triphasée, y compris l’éclairage commercial monophasé | Appareils dans des installations fixes (commutateurs, moteurs polyphasés...) Bus & circuits d’alimentation dans les usines industrielles Circuits de dérivation courts, équipements pour tableaux de distribution Systèmes d’éclairage dans les grands bâtiments Prises avec raccordement court à l’origine des installations électriques |
CAT IV | Courant triphasé sur le raccordement des lignes électriques. Lignes extérieures | "Origine de l’installation" le lieu de raccordement des lignes électriques Principaux équipements de protection contre les surtensions Lignes de raccordement pylône-bâtiment-compteur => tableau de distribution Lignes aériennes & souterraines |
Les points à retenir
Avant toute utilisation d’un appareil électrique, il est impératif de vérifier sa catégorie de sécurité électrique. Cette précaution permet à l’utilisateur de s’assurer qu’il est protégé pendant l’utilisation. L’usage sécurisé d’un appareil de mesure dans diverses catégories de sécurité électrique implique que la mention de ces différentes catégories soit portée sur ledit appareil. Certains appareils sont conçus pour être utilisés dans une seule catégorie de surtension, ce qui n’est pas le cas pour d’autres qui peuvent être utilisés dans plusieurs catégories.
Les règles de sécurité lors des interventions
Pour prémunir les personnes et les biens lors des interventions sur une installation électrique ou à proximité de celle-ci, le Code du travail a édicté des règles de sécurité. Il revient à l’employeur de les faire respecter, mais il relève aussi de la responsabilité de chacun d’y être attentif.
Les différents types d’interventions électriques
Dans tous les cas, les locaux ou endroits présentant un risque électrique quel qu’il soit doivent être signalés et délimités (panneau ou pancarte d’avertissement, rubalise ou chaîne). Toutes les interventions n’ont pas le même caractère de dangerosité. On distingue :
- les travaux au voisinage de pièces nues sous tension, qui nécessitent alors des mesures particulières de protection (isolement, signalisation, protection individuelle) ;
- les opérations sous tension, qui doivent rester exceptionnelles en cas d’impossibilité technique ou si la mise hors tension est dangereuse ;
- les opérations spécifiques qui sont la manœuvre d’un appareil électrique, la vérification (réarmement d’un disjoncteur par exemple), le mesurage (contrôle de tension par exemple) et l’essai ;
- les opérations d’ordre non électrique sont par exemple des travaux de nettoyage, d’élagage, de peinture.
La mise hors tension est le seul moyen d’avoir une sécurité totale pour l’intervenant et elle doit être privilégiée autant que possible. Pour garantir la mise hors tension tout le temps de l’intervention, on utilise la procédure de consignation.
Les étapes d’intervention sur une installation électrique : la consignation
Avant toute intervention sur une installation électrique qui peut être mise hors tension, l’opérateur habilité doit appliquer la procédure de consignation. Elle permet de garantir la mise hors tension du circuit et surtout que le courant ne peut être rétabli par une autre personne que l’opérateur le temps de l’intervention. Cela évite par exemple qu’une personne non informée ne réarme un disjoncteur pendant que l’opérateur intervient dessus...
La procédure de consignation est décrite dans la norme NFC 18-510 et se déroule en 5 étapes :
- la séparation de l’installation de sa source d’énergie électrique (on coupe l’alimentation) ;
- la condamnation des organes de séparation en position ouverte afin d’éviter toute remise sous tension (on utilise pour cela des cadenas spécifiques indiquant que le courant a été coupé volontairement et qu’il ne faut en aucun cas le rétablir) ;
- l’identification de la partie condamnée et la vérification qu’il s’agit de l’endroit concerné par les travaux ;
- la VAT ou vérification d’absence de tension consiste à tester le circuit avec un appareil dédié appelé détecteur de tension normalisé (le multimètre n’est pas adapté en raison de possibles erreurs) ;
- la mise à la terre et en court-circuit (MALT/CC) doit suivre immédiatement la VAT. Elle est facultative dans certains cas. La consignation doit être effectuée par une personne habilitée pour ce type d’intervention.
La consignation doit être effectuée par une personne habilitée pour ce type d’intervention.
L’habilitation des personnes intervenant sur une installation électrique
Au sein de l’entreprise ou dans un établissement recevant du public, tout le monde n’a pas la faculté d’effectuer des opérations sur ou à proximité d’une installation électrique. L’habilitation électrique reconnaît la capacité d’une personne à accomplir certaines tâches sur l’installation électrique. En respectant les règles de sécurité. Pour être habilité, le travailleur doit suivre une formation spécifique et être déclaré apte par le médecin du travail. L’habilitation doit être théoriquement revue chaque année et un recyclage des connaissance effectué tous les 3 ans.
À chaque type d’habilitation correspond la possibilité d’accomplir des tâches plus ou moins dangereuses : sur des installations à haute ou basse tension, pour des opérations d’ordre non-électrique ou au contraire pour des travaux électriques, etc.
La classification est la suivante selon la norme NFC 18-510 :
Système de classification des habilitations électriques :
1er caractère | 2ème caractère | 3e caractère | Attributs |
---|---|---|---|
B : Basse tension H : Haute tension | 0 : Opération d'ordre non électrique pour exécutant ou chargé de chantier F : Travaux en fouilles dans l'environnement des canalisations isolées pour exécutant ou chargé de chantier 1 : Exécutant opération d'ordre électrique 2 : Chargé de travaux d'ordre électrique C : Consignation R : Intervention BT générale S : Intervention BT élémentaire E : Opérations spécifiques P : Opérations BT élémentaires sur chaîne photovoltaïque | T : Tavaux sous tension V : Travaux au voisinage N : Nettoyage sous tension X : Spéciale | Essai Vérification Mesurage Manœuvre |
Ainsi, l’habilitation B2V concerne une personne pouvant effectuer des travaux d’ordre électrique sur de la basse tension au voisinage de pièces nues sous tension.
Quels sont les équipements de protection EPI exigés ?
Contrairement à ce que l’on pense souvent, les EPI (équipements de protection individuelle) n’interviennent qu’en dernier maillon de la chaîne de sécurité. Ils sont utilisés lorsque toutes les autres mesures collectives ne permettent pas d’assurer complètement la sécurité des personnes. L’employeur est tenu de fournir ces équipements et de les adapter aux travaux à effectuer. Le choix des EPI dépend donc des risques à prévenir et de l’analyse du poste de travail. Les EPI devront dans tous les cas être conformes (marquage CE). Pour le risque électrique, les EPI doivent être de catégorie III (risque mortel selon le règlement UE 2016/425). Les équipements de protection destinés aux travaux sous tension comportent un symbole représentant deux triangles imbriqués, pointe en haut. Il peut s’agir :
- d’un casque, muni ou non d’un écran ou d’une visière ;
- d’une combinaison ;
- de gants isolants ;
- de bottes ou chaussures isolantes;
Parallèlement, les opérateurs ne doivent porter aucun objet conducteur : attention aux bijoux (y compris alliance), montres, fermetures-éclair ou boutons en métal…).
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