Responsabiliser ses achats grâce au TCO

La consommation éthique et les achats responsables sont une tendance de fond au sein des entreprises et collectivités ces dernières années. Encouragées par les démarches RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et des normes comme l’ISO 20400, les organisations favorisent de plus en plus les achats locaux, éthiques et éco-friendly.

L’impact sociétal des entreprises et le RSE

La responsabilité sociétale des entreprises est une démarche volontaire qui consiste à intégrer des préoccupations sociales et environnementales dans leurs activités économiques. Selon France Stratégie en 2016, une entreprise intégrant la RSE augmente sa performance économique de 13 %. La RSE permet d’aller plus loin dans sa politique d’achats responsables et durables. Elle englobe cette stratégie dans une démarche globale et plus seulement au niveau des achats.

L’intégration de la RSE dans les achats se fait à plusieurs niveaux : sélection des fournisseurs, ajout de critères responsables, attribution des marchés, mise en place du TCO pour analyser les offres, évaluation des fournisseurs.

La norme ISO 20400 sur les achats responsables

Instituée en avril 2017, la norme ISO 20400 considère que les achats responsables permettent à une organisation d’améliorer sa productivité en :

• évaluant sa valeur et ses performances ;
• facilitant la communication entre acheteur et fournisseur ;
• encourageant l’innovation.

L’objectif de cette norme est de fournir aux entreprises des lignes directrices afin de responsabiliser leurs achats. Il s’agit notamment d’intégrer la responsabilité sociétale dans la stratégie des achats de l’entreprise, à travers par exemple la planification des achats dans le temps, la sélection des fournisseurs sur des critères responsables, une gestion des contrats plus fine…

Le coût total de possession (TCO) est devenu un outil indispensable pour évaluer le coût réel d'un produit ou d'un service sur l'ensemble de son cycle de vie. Pour calculer le TCO, il faut aller au-delà du simple prix d'achat et prendre en compte tous les coûts associés, y compris les coûts indirects souvent négligés. Cette approche englobe non seulement le coût d'achat initial, mais aussi les frais d'installation, de formation, de maintenance, d'exploitation et même de mise au rebut. Un modèle de calcul du TCO efficace permet de révéler les coûts cachés qui peuvent considérablement impacter la rentabilité à long terme d'un investissement. Par exemple, pour un équipement industriel, le TCO inclurait les coûts de maintenance, les consommables, l'énergie utilisée, et les éventuelles mises à niveau nécessaires. Cette méthode offre plusieurs avantages :

• Elle permet de comparer les coûts réels de différentes options d'achat sur leur durée de vie complète.
• Elle aide à identifier les opportunités de réduction du coût global et d'optimisation des processus.
• Elle favorise une prise de décision éclairée en révélant la valeur totale de possession plutôt que de se concentrer uniquement sur le prix d'achat initial.

En adoptant cette approche, les entreprises peuvent non seulement réaliser des économies substantielles à long terme, mais aussi créer de la valeur en choisissant des solutions plus durables et efficientes. Le TCO s'impose ainsi comme un des leviers stratégiques pour responsabiliser les achats et optimiser la performance globale de l'entreprise.

Les achats responsables sont aussi une manière de répondre aux attentes des consommateurs. Une étude OpinionWay sur la consommation raisonnée en Europe publiée en février 2020 indique que 90 % des consommateurs européens souhaitent que les marques s’engagent en faveur du développement durable.

Pour y parvenir, la notion de coût total de possession (TCO) permet de redéfinir ce qu’il y a derrière le prix d’un produit ou d’un service. Le TCO englobe en effet les coûts directs et indirects du bien tout au long de son cycle de vie. Il inclut le prix d’achat, celui de la maintenance ou du respect de la qualité. Les entreprises y ajoutent désormais des critères de responsabilité comme :

• une production respectueuse de l’environnement ;
• la gestion des déchets au cours de la vie du produit et notamment en fin de vie ;
• la création d’emplois ;
• les circuits courts…

Produire responsable coûte en général plus cher, mais l’enjeu, au-delà de la justification d’un prix plus élevé, est de valoriser une certaine qualité environnementale et sociétale.

Les achats responsables et durables ne sont pas destinés à rester une catégorie de coûts directs ou indirects à part entière. L’objectif est d’intégrer la dimension responsable à l’intérieur des autres catégories. Valoriser un parti pris technique ou une production respectueuse peut faire, à terme, baisser le TCO d’un produit.

L’entreprise peut ainsi favoriser l’économie circulaire et privilégier les filières utilisant des matières premières recyclées ou recyclables. Les coûts de fabrication baissent parallèlement à la diminution de la production de déchets ultimes, générant une baisse du coût d’achat fournisseur.

L’Ademe a recensé les indicateurs d’achats responsables les plus couramment utilisés par les entreprises :

• nombre de fournisseurs signataires de la charte achats responsables ;
• nombre de fournisseurs audités ;
• montant des achats effectués auprès du secteur adapté et protégé (ESAT par exemple) ;
• pourcentage d’appels d’offres intégrant des critères RSE ;
• nombre d’acheteurs formés aux achats responsables ;
• pourcentage d’achats d’énergie renouvelable pour l’entreprise ;
• pourcentage d’achats locaux ;
• pourcentage d’achats de produits éco-conçus ou éco-labellisés…

Grâce aux solutions intégrées de RS, par exemple pour la gestion des stocks ou des fournisseurs, ces paramètres sont plus simples à suivre et à optimiser.

Le TCO, le coût global de possession, est devenu une donnée incontournable du processus achats. Y intégrer la notion d’achat responsable permet de réduire à terme les coûts tout en répondant à une demande forte des consommateurs.