L'histoire du casque de sécurité

Si l’on en croit Peter Drucker, un des chantres du management d’entreprise, le casque de sécurité destiné à des civils serait l’invention de l'écrivain Franz Kafka, en 1912. Le matin, il travaille pour une compagnie d'assurance dédiée aux accidents de travail dans le royaume de Bohême. Sa tache ? Travailler à la législation de la prévention des accidents de travail.Tard dans la nuit, l’auteur de La Métamorphose écrit… des nouvelles mais aussi des textes liés à son activité de juriste. Ils seront réunis en 1984, en Allemagne, sous le titre de Amtliche Schriften (puis en italien, sous le titre de Relazioni, et en anglais The Office writings). L’écrivain visite usines et ateliers, et se montre très compatissant avec les ouvriers accidentés, à l’inverse de leurs patrons, peu sensibles à la sécurité de leurs employés. On y trouve des photos, des dessins des machines avec des modes d’emploi destinés à limiter les risques d’amputation. Il classe les usines, selon les catégories de risque.

Dans les chantiers navals, les dockers se fabriquent des casques à partir de braie enduit du goudron qui servait à étancher les bateaux. Pour se protéger de tout ce qui pouvait tomber du ciel : les marchandises lors des chargements ou des déchargements, chutes accidentelles qui étaient parfois le fait des oiseaux marins, qui relâchaient leur butin, après s’être rendu compte qu’il ne mangeait pas.

Les premiers « chapeaux de protection » utilisées dans la construction sont apparus aux États-Unis : ils étaient en cuir, vendus par la ED Bullard Company, une firme californienne de matériel d'exploitation minière. C’est le casque en acier des militaires de la Première Guerre mondiale qui inspirera au fils du fondateur de l’entreprise « le chapeau dur ». Il sera breveté en 1919. Depuis les années 1950, la plupart des casques pour l’industrie sont constitué d'une calotte généralement en PEHD ou en polyamide injecté, d'un harnais et parfois d'une jugulaire.

Il s’agit d’une casquette renforcée, également appelée casquette de protection coquée. Elle protège l’employé de la rencontre malencontreuse de sa tête avec des objets durs ou statiques. Toutefois, elle ne le protège pas de la chute de ces derniers. D’abord destinée à un usage en intérieur, elle ne peut pas se substituer au port du casque de chantier. A l’origine, inventée pour protéger les green-keeper des balles de golfs, elle répond à présent à la norme EN812.

Entre protection et innovation, le casque de chantier, EPI le plus emblématique, n’a pas fini d’écrire son histoire. Toujours plus léger, plus aéré, plus confortable, il intègre toutes sortes d’accessoires personnalisés - lampe frontale, protection auditive, micro, écouteurs et visière, porte-badge … De nombreux fabricants proposent aussi des casques dotés de technologies embarquées : des puces pour contrôler les droit d'accès aux chantiers et recenser les personnes actives sur des zones à risques ; des caméras, des écrans, la 3D et des lunettes à réalité augmentée interactives pour des casques de chantier intelligents, communiquant à celui ou celle qui le porte des informations en temps réel, pour l’assister dans sa tâche, depuis son orientation au sein d’un site à la capture d’images, en passant par l’affichage de tutoriaux et de modes d'emploi.