- Publié le 10 janv. 2023
- Mis à jour le 29 août 2023
- 4 min
Recyclage des EPI : quelles perspectives ?
Article publié le 05/04/2022
Chaque année, les entreprises françaises génèrent 10 fois plus de déchets que les ménages, soit 315 millions de tonnes. Une situation qui devrait empirer, avec le volume en forte hausse d’EPI parvenus en fin de vie. Une hausse entraînée par les lois récentes. A ces évolutions législatives contraignantes s’ajoutent les réalités du terrain : les déchets issus des EPI nécessaires à la gestion de la crise sanitaire - masques, gants, blouses et visières, composés de plastique à usage unique - sont venus charger la barque des EPI usagés à traiter.
Etat des lieux
La gestion des EPI en fin de vie soulève de nombreux défis.
- Dans un premier temps, ils doivent être détruits pour ne plus risquer d’être utilisés.
On peut couper les ceintures et les sangles d’un harnais, les câbles et les cordes d’un système anti-chute, la jugulaire d’un casque. En revanche, il est plus difficile de détruire des connecteurs, des mousquetons, des descendeurs. Ce que l’on ne peut pas détruire, il faut alors le jeter à la poubelle.
- De nombreux EPI sont encore difficilement recyclables.
Un enrouleur doit d’abord être démantelé pièce par pièce avant de pouvoir être recyclé. Les cordes et les sangles, fabriquées en polyamide, ne sont recyclables que si elles sont neuves. Usagées et encrassées par la poussière, elles ne le sont plus pour ne pas endommager les machines de recyclage.
En ce qui concerne les textiles, utiliser des vêtements en fin de vie pour en faire des neufs est aussi une opération complexe : créer de nouvelles fibres à partir d’articles textiles usagés nécessite d’ôter boutons, rivets, bandes auto réfléchissantes, de séparer les différentes matières qui les composent (coton, élasthanne, polyester, polyamide), de fondre les teintures, etc...
À SAVOIR
Protéger la qualité des sols, un enjeu majeur
Quand ils ne sont pas recyclables, les EPI sont enfouis et/ou incinérés. Une opération qui a un coût pour l’entreprise mais aussi pour notre planète : selon un rapport rendu public en décembre 2021 par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 90 % des sols pourraient se dégrader d’ici 2050. Une dégradation fatale pour notre santé, pour la biodiversité mais aussi pour notre couche d’ozone : des sols de qualité sont des puits de carbone qui permettent de réduire drastiquement les émissions de GES (gaz à effet de serre).
Une filière pour 2023 ?
Le secteur du recyclage en France est un univers complexe, tissé par les initiatives des acteurs publics et privés : L’UE, l’Etat français, les départements, les collectivités locales, les éco-organismes, les fédérations professionnelles et les entreprises du recyclage, les associations et même les citoyens… Pour autant, aucune filière organisée de collecte n'existe actuellement pour les EPI. Du côté de l’Etat, trois projets sont à l’étude. Ils fédèrent les gestionnaires de vêtements professionnels en fin de vie pour les aider à la mise en œuvre d’une filière globale de valorisation et de recyclage des textiles professionnels.
- Le projet FRIVEP© (Filière de Réemploi et Recyclage Industrielle des Vêtements Professionnels, lancé en 2016)
- Dans le cadre du projet FIREX© (Filière Industrielle de Recyclage des textiles), trois démonstrateurs ont été testés : un démonstrateur de tri et délissage automatisés, un démonstrateur d’effilochage et de filature, un démonstrateur de traitement des textiles et de compoundage pour la plasturgie et le polyester.
- Le projet FREPI© (Filière de Recyclage des Equipements de Protection Individuels) concernent les Tenues à Haute Visibilité (THV) ; il n’existe pas pour l’heure de technologies à la hauteur de la complexité de leur conception : s’ils ne sont pas intégrés dans des CSR (combustibles solides de récupération), ils sont enfouis ou incinérés.
Éco-concevoir, une étape en amont essentielle
Après une phase expérimentale de 18 mois, les retours d’expérience liés au projet FRIVEP© ont donné lieu à la publication d’un livret d’éco-conception des vêtements professionnels.
L’éco-conception est un préalable au déploiement d’une nouvelle filière de traitement : les fabricants d’EPI, qui sont les premiers maillons de la chaîne, doivent être associes dès la conception des EPI.
