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    Nuisances sonores au travail : quel impact sur notre santé ?
     
      • Publié le 10 janv. 2023
      • Mis à jour le 21 oct. 2024
    • 13 min

    Nuisances sonores au travail : quel impact sur notre santé ?

    nuisance sonore

    Les nuisances sonores constituent un fléau assez répandu, que ce soit dans la vie privée ou la vie professionnelle. Leurs effets sur l’humeur et sur l’organisme sont reconnus et peuvent être graves. Le droit du travail notamment encadre strictement les risques encourus par les salariés exposés au bruit. Voici quelques éléments pour bien définir les différents niveaux de bruit, comprendre ce qu’est la nuisance sonore et l'impact sur notre santé. Quelles solutions peuvent être mises en place afin de lutter contre les nuisances sonores au travail ? Analyse.

    Quelle est la différence entre le bruit et la pollution sonore ?

    Selon la définition du dictionnaire Larousse, le bruit est un ensemble de sons perçus sans harmonie, par opposition à la musique. En fait, il n’y pas de différence physique entre un son produit par la parole, la musique et le bruit. Le son devient un bruit lorsqu'il génère une sensation auditive perçue comme désagréable voire dangereuse pour la santé. Le bruit est alors défini par la gêne que ressentent ceux qui sont soumis à des émissions sonores indésirables. Cette gêne est difficile à évaluer objectivement car sa perception varie selon chaque personne : certains sons peuvent être appréciés par les uns tandis qu'il en gêne d'autres, qui les assimilent alors à de la pollution sonore. Il est d’ailleurs courant de juger différemment le bruit que nous faisons par rapport au bruit des autres.

    La perception du bruit

    Le champ auditif humain s’étend approximativement à des fréquences de 20 à 20 000 Hertz (Hz) et de 0 à 120 décibels (dB). La gamme des niveaux sonores de la vie courante va généralement de 30 à 80 dB. Un jardin calme est à environ 20 dB, une pièce ou un bureau calme 30 dB, une salle de classe bruyante, un restaurant ou un marché de 50 à 70 dB, une rue à fort trafic, des aboiements ou un klaxon de 80 à 100 dB, un avion au décollage 130 dB.

    Les sources de nuisances sonores dans l’environnement sont multiples : les infrastructures de transport ferroviaires et routières, le trafic aérien, les activités industrielles, commerciales et de loisirs, la musique amplifiée, les bruits de voisinage, etc.

    Les différents seuils sonores

    L'intensité des sons est exprimée selon une échelle allant de 0 dB, seuil de l'audition humaine, à environ 120 dB, la limite supérieure des bruits usuels de notre environnement.

    • De 0 à 10 DB, le seuil d’audibilité : Il correspond au niveau de pression acoustique minimal pour qu’un son puisse être perçu de nos oreilles. À ce niveau, nous captons les sons provenant de notre propre corps, comme les battements de notre cœur ou les pulsations sanguines, ce qui peut être déstabilisant. Un tel niveau s’obtient en laboratoire acoustique.
    • De 40-50 DB, le début des conséquences du bruit sur la santé : Pour des niveaux d’exposition à des niveaux supérieurs à 40 dB la nuit et à 50-55 dB en journée, l’OMS considère que des effets liés à l’exposition au bruit peuvent se manifester : troubles du sommeil, gêne, risques cardiovasculaires accrus, difficultés de concentration et retards dans les apprentissages.
    • 80 dB, le seuil de risque pour l’audition : Cette valeur sert de base à la réglementation sur le bruit édictée par le Code du Travail. A partir de ce seuil, et d’une exposition quotidienne, l’employeur est dans l’obligation d’informer ses employés des risques auditifs encourus et de mettre à leur disposition des protections auditives adaptées. Toujours selon le Code du Travail, lorsqu’un salarié est exposé à un niveau de 85 dB sur une période de 8h, le port de protections auditives est obligatoire.
    • 90 dB, le déclenchement du réflexe acoustique : Le réflexe stapédien ou acoustique met en jeu un petit muscle qui, lorsque l'oreille est soumise à un son particulièrement intense, se contracte par un réflexe de protection et bloque les mouvements de l'étrier, isolant ainsi l'oreille interne de vibrations trop importantes.
    • Le seuil de 120 dB marque le début de la douleur physique : L'intensité des sons est exprimée selon une échelle allant de 0 dB, seuil de l'audition humaine, à environ 120 dB, la limite supérieure des bruits usuels de notre environnement.
    nuisance sonore au travail

    Un risque pour la santé ?

    L’exposition aux nuisances sonores, outre des effets physiologique sur les organes de l’audition, perturbe l’organisme en général. En 2018, l'Organisation Mondiale de la Santé a classé le bruit comme « un risque environnemental majeur pour la santé physique et mentale » en Europe. C'est un problème de santé publique dans les zones densément peuplées. Selon BruitParif, l’analyse des cartes de bruit en 2019 évalue une perte moyenne de 10,7 mois de vie pour une personne en bonne santé les répercussions du bruit en zone dense de l'Ile de France. Le bruit apparaît la deuxième cause de morbidité environnementale dans l'ensemble de la région Ile de France.

    Les impacts sanitaires de l’exposition au bruit sont divers et larges. Ils comprennent l’altération de l’audition, les effets subjectifs extra-auditifs qui concernent les attitudes et le comportement social ainsi que les effets extra auditifs dits objectifs. Ces derniers regroupent les effets sur le sommeil, sur les systèmes endocriniens, cardio-vasculaire, immunitaire, sur les apprentissages et sur la santé mentale.

    Les effets auditifs sur nos oreilles

    L'exposition prolongée à des niveaux de bruits intenses détruit peu à peu les cellules auditives de notre oreille interne, qui sont fragiles, en nombre limités et qui ne se renouvellent pas. Elle conduit progressivement à une surdité irréversible en passant par une fatigue auditive. Cette dernière se traduit par des acouphènes, c’est-à-dire des sifflements ou des bourdonnements temporaires. Elle disparait avec le temps.

    Les dangers de lésions sont avérés dès une exposition de plusieurs heures à 80 dB. Un son intense, et dès 120 dB (le bruit d’un circuit de formule 1) génère de la douleur et un traumatisme, qui provoque instantanément des lésions importantes pour nos tympans et les structures ciliaires de notre oreille interne.

    Encore aujourd’hui, la surdité ne se soigne pas. Seul un appareillage par des prothèses électroniques se contente d'amplifier l'ouïe résiduelle mais il ne restitue pas la fonction auditive dans son ensemble. La surdité est reconnue comme une maladie professionnelle selon des critères médicaux, professionnels et administratifs bien précis.

    Les chocs acoustiques sont des événements électro-acoustiques rares et imprévisibles conduisant à des niveaux de bruit intenses (souvent courts) reçus dans les casques utilisés dans les centres d’appels téléphoniques. Ces dysfonctionnements proviennent généralement de mauvaises isolations (perturbations électromagnétiques / boucles de courant). Ces traumatismes sonores, parfois reconnus comme accident du travail (hyperacousie, décalage temporaire du seuil de l’audition), sont insupportables pour les salariés.

    Les effets sur notre humeur et notre organisme

    Les effets extra-auditifs du bruit se manifestent lors d’expositions chroniques ou répétées à des niveaux sonores relativement faibles (en dessous de 80 dB). On les distingue selon qu’ils se manifestent à court terme ou à moyen/long terme.

    Les perturbations du sommeil et les difficultés de concentration sont considérées comme des effets de court terme car ils se manifestent juste après une exposition au bruit. Ils correspondent à une réaction en chaîne biologique qui associe irritabilitéinsomnie et libération excessive d’hormones de stress. La gêne occasionnée est liée à l'insatisfaction au travail, à l'irritabilité, à l'anxiété, voire à l'agressivité.

    Parmi les effets de plus long terme, on observe une augmentation de fréquence des affections cardiaques et vasculaires (hypertension artérielle, infarctus du myocarde, AVC) chez les personnes exposées à des nuisances sonores de plus de 55 décibels. Ces troubles ont tendance à augmenter avec l'ancienneté de ces travailleurs à un poste de travail bruyant. Il semble qu’ils dépendent également du caractère prévisible ou non du bruit, du type d'activité exercée et d'autres facteurs de stress.

    Enfin, le bruit perturbe notre attention au travail, surtout lorsque nous effectuons des tâches qui demandent de la mémoire à court terme. Il est recommandé de ne pas dépasser 45 à 55 dB pour un travail nécessitant une attention soutenue. Par ailleurs, le bruit favorise le risque d'accident du travail, en masquant les signaux d'alerte, en perturbant la communication verbale et en détournant l’attention.

    Les nuisances sonores au travail

    Lors de la Journée Nationale de l’Audition de 2019, l’IFOP a publié un sondage qui répondait à la question : « Êtes-vous personnellement gêné(e) par le bruit et les nuisances sonores sur votre lieu de travail ? » : 59 % des sondés ont répondu oui. Le sondage a été reconduit chaque année depuis, les chiffres ont baissé en 2020 (53%) et 2021 (51%), en partie dus à l’instauration du télétravail dans de nombreux secteurs. Reste que la moitié des actifs français se plaignent des nuisances sonores sur leur lieu de travail. Et ce chiffre risque d’augmenter car depuis le retour dans les bureaux à la fin de la pandémie, les salariés qui ont pu apprécier le calme du télétravail reviennent avec une sensibilité accrue aux nuisances sonores.

    D’où vient ce bruit ?

    Toujours selon le même sondage, à peu près à égalité, de l’extérieur des locaux (36%) et du matériel utilisé, comme les ordinateurs, les imprimantes, etc., (33%). Vos collègues font tout juste moins de bruit, leurs conversations sont citées à 28%.

    Qui est concerné ?

    Selon une enquête du JNA (Journée Nationale de l’Audition), réalisée en octobre 2021 , tout le monde est concerné et pas seulement les travailleurs les plus âgés, selon une idée reçue ! Les moins de 35 ans et plus particulièrement les 24-25 ans expriment une gêne pour le bruit et leurs répercussions sur leur santé et leur qualité de vie. L’étude révèle d’autres croyance : pour 35% des actifs, le bruit fait partie de l’environnement de travail et du dynamisme collectif et on ne peut pas y faire grand-choseCe qui est faux car de nombreuses mesures peuvent être mise en place.

    Tous les secteurs d'activité sont aujourd'hui concernés et pas seulement l'industrie (67%) et le BTP (53%) Le secteur du commerce est cité devant le BTP (58%) !

    Les enjeux des nuisances sonores au travail affectent tous les domaines de la vie professionnelle : stratégiques, santé, RH, management, sécurité, RSE, économique. 67 % des actifs déclarent que les bruits et nuisances sonores ressentis au travail entraînent des conséquences négatives sur leur santé au quotidien. Sans surprise, la majorité des effets des nuisances sonores cités concernent le stress, la fatigue et l’irritabilité. Plus grave encore, en 2019, 11% des sondés estiment qu’elles que ces nuisances ont engendré des accidents du travail et 9% des démissions.

    Les solutions contre les nuisances sonores

    Les actions obligatoires régies par le Code du Travail

    La prévention des risques professionnels liés à une exposition au bruit s’appuie sur l’article L. 4121-2 du Code du travail. Les obligations de l’employeur, on l’a vu précédemment, sont déclenchées à partir d’une exposition moyenne continue pendant 8h à 80 dB. Au-dessus de 85 dB, une mesure de correction du bruit doit être prise.

    L’employeur doit principalement évaluer les risques et les combattre à la source, par exemple insonoriser les locaux dès leur conception ou installer des machines bruyantes dans des pièces dédiées. Il doit prendre des mesures de protection collective, c’est-à-dire agir sur les conditions et l’organisation du travail pour générer le moins de bruits possible et informer les salariés. Enfin, il doit mettre à disposition des équipements de protection individuelle (casques, bouchons d’oreille, etc.), dont le port est obligatoire à partir de 85 dB. Même avec des EPI, le bruit ne doit pas dépasser 87 dB(A) sur 8 heures. Pour les sons brefs, chocs, explosions ou tirs la mise à disposition d’EPI est obligatoire à partir de 135 dB et leur port au-dessus de 137 dB.

    Quoi qu’il arrive, un salarié ne doit pas être exposé à un bruit à partir de 140 dB, même avec des EPI. Précisons que c’est une situation rare car ce niveau correspond à un moteur d’avion à réaction ou à un feu d’artifice !

    protection sonore

    Les pistes pour lutter contre le bruit

    Une bonne acoustique dans un bureau est essentielle pour la santé des salariés comme pour celle de l’entreprise. Dans la plupart des cas, les mesures sont faciles à mettre en place.

    En premier lieu, il faut identifier les nuisances sonores. Les bruits venant de l’extérieur nécessitent un isolement acoustique, par exemple un changement de vitrage ou de fenêtre voire une isolation phonique complète.

    Pour les bruits venant de l’intérieur, résonnance des conversations ou matériel bruyant, manque de confidentialité, il faut avant tout éliminer la source du bruit. On peut commencer par déplacer les équipements bruyants, ou les enfermer dans une pièce dédiée. Ensuite, on peut ajouter des absorbeurs acoustiques au plafond, aux murs voire sur certains éléments de mobilier et des séparateurs acoustiques tels que des panneaux ou des écrans pour créer des espaces sonores plus petits.

    Enfin, il est judicieux de sensibiliser les salariés aux nuisances sonores et de mettre en place une charte des bonnes pratiques de la vie en bureau partagé. Par exemple, choisir un lieu à part pour les conversations téléphoniques, ou demander l’utilisation de casques, veiller à diminuer l’intensité des notifications sonores sur les téléphones ou les pc, etc.

    On peut aussi organiser des espaces qui permettent de s'isoler : qu'il s'agisse d'une salle de réunion, d’un espace de convivialité ou d'un espace silence pour effectuer des tâches demandant une concentration importante, l'acoustique doit être pensée soigneusement pour que ces lieux soient utilisés.

    Où trouver des outils ?

    La semaine de la santé auditive au travail est organisée tous les ans en automne par l’association JNA (Journée Nationale de l’Audition). Elle propose aux entreprises des outils pour prévenir et lutter contre le bruit, elle organise également des actions de dépistage des troubles auditifs et des ateliers et des conférences sur les bonnes pratiques en santé auditive.

    Le CidB est une association loi 1901 créée en 1978 et reconnue d’utilité publique depuis 2007. Il met en œuvre différents types d’actions pour faciliter la prise en compte du bruit et de ses effets sur l’Homme dans son environnement, à son domicile, au travail, à l’école, dans ses loisirs, etc.

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