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      • Publié le 27 sept. 2024
      • Mis à jour le 27 sept. 2024
    • 9 min

    La gestion des achats écoresponsables : vers des pratiques d’approvisionnement durable

    digitalisation achats classe c

    Les entreprises industrielles sont aujourd’hui soumises à une double pression : réduire leur impact environnemental tout en restant compétitives. En 2021, 63% des dirigeants achats considéraient la réalisation des objectifs de développement durable comme très importante, selon le baromètre Écovadis « achats responsables ». Cette tendance s’explique non seulement par des exigences réglementaires de plus en plus strictes, mais aussi par une prise de conscience croissante des consommateurs, des investisseurs et des fournisseurs. Intégrer des pratiques d’approvisionnement durable devient donc essentiel pour les entreprises qui souhaitent se positionner comme des acteurs engagés dans la transition écologique, notamment dans le cadre d’une démarche RSE. Une gestion des achats écoresponsable peut non seulement réduire l’impact environnemental des opérations industrielles, mais aussi générer des bénéfices économiques significatifs.

    Pourquoi adopter une gestion des achats écoresponsables ?

    Des enjeux environnementaux forts

    Le Forum économique mondial indique que plus de 50% des émissions mondiales de carbone proviennent de huit chaînes d’approvisionnement (alimentation, construction, mode, biens de consommation courante, électronique, automobile, services professionnels et fret). Les processus d’extraction des matières premières, la fabrication et le transport de produits sur de longues distances figurent parmi les principales sources d’empreinte carbone.

    De plus en plus d’entreprises cherchent à aligner leurs pratiques d’achats avec des objectifs environnementaux, par exemple dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. De même, l’accord de Paris sur le climat, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, encourage les entreprises à réduire leurs émissions du scope 3 (émissions indirectes de GES provenant de sources qui ne sont pas directement contrôlées par l’entreprise, mais résultent néanmoins de la vente de ses produits ou services).

    Ces engagements visent également à préserver la biodiversité, à promouvoir une meilleure gestion des déchets et à limiter la pollution de l’eau et des sols par des pratiques industrielles plus vertes. Dans le cadre d’une stratégie d’approvisionnement durable, il s’agit de recourir à des matériaux recyclés, de réduire les emballages et d’optimiser les processus logistiques pour minimiser l’empreinte carbone.

    Adopter des pratiques d’achats écoresponsables favorise enfin la résilience de l’entreprise face aux risques climatiques. Avec des événements extrêmes de plus en plus fréquents, les chaînes d’approvisionnement sont exposées à des ruptures. En diversifiant ses fournisseurs et en optimisant ses ressources grâce à une gestion proactive, l’entreprise réduit les risques et sécurise ses approvisionnements.

    Les avantages économiques de l’approvisionnement durable

    L’adoption de pratiques d’achat écoresponsable offre par ailleurs des avantages économiques importants. Optimiser les ressources en réduisant l'utilisation de matières premières ou en recourant à des matériaux recyclés, permet de réaliser des économies significatives. Selon une étude de McKinsey, les entreprises qui adoptent des pratiques durables peuvent réduire leurs coûts d'exploitation de 5 à 10 %.

    La durabilité devient un facteur clé de différenciation concurrentielle. Les entreprises qui intègrent des critères écologiques dans leur chaîne d'approvisionnement renforcent leur image de marque et attirent des clients soucieux de l’environnement. Cela ouvre l’accès à de nouveaux marchés où les exigences en matière de durabilité sont plus strictes.

    La conformité aux réglementations environnementales

    Les législations relatives à l’environnement sont de plus en plus strictes, afin de réduire l’impact des activités industrielles de manière significative. Elles imposent des normes rigoureuses sur les émissions de gaz à effet de serre, la gestion des déchets et l’utilisation des ressources. Par exemple, la directive 2012/19/UE sur les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) oblige les entreprises à gérer les déchets produits par leurs équipements. La directive européenne sur les plastiques à usage unique impose des restrictions sur la production et la vente de certains produits en plastique afin de réduire la pollution. De plus, des taxes carbone sont mises en place dans de nombreux pays, obligeant les entreprises à payer pour leurs émissions de CO2, ce qui incite à adopter des pratiques plus écoresponsables. En France, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) encourage l'intégration du recyclage et la réduction des déchets dans les chaînes d'approvisionnement.

    Le respect de ces normes évite aussi des amendes, des sanctions ou des restrictions commerciales. La directive sur les émissions industrielles impose par exemple aux entreprises des limites strictes et des audits réguliers. En mettant en place des systèmes de gestion environnementale comme l’ISO 14001, les entreprises assurent leur conformité tout en améliorant leur empreinte écologique.

    Anticiper les législations futures est un enjeu stratégique : investir dès maintenant dans des pratiques d’approvisionnement durable prépare votre entreprise aux futures exigences réglementaires tout en conservant votre avantage concurrentiel.

    Comment évaluer et choisir des fournisseurs écoresponsables ?

    Définir des critères d’évaluation écologique

    Les responsables des achats doivent commencer par établir des critères d’évaluation des fournisseurs. Plus vos attentes sont claires et plus la sélection sera aisée. L’entreprise peut utiliser un code de conduite intégrant des critères environnementaux comme :

    • l'empreinte carbone ;
    • l'utilisation de matériaux recyclés ;
    • les pratiques de gestion des déchets ;
    • les pratiques de travail éthique ;
    • la consommation énergétique et les processus de fabrication durable...

    L’entreprise peut également exiger des certifications environnementales : ISO 14001, Écolabels, Fair Trade, Cradle to Cradle...

    Utiliser des outils pour l’évaluation des fournisseurs

    Pour évaluer les performances environnementales des fournisseurs, vous pouvez utiliser des plateformes spécialisées comme Ecovadis ou Sedex. Elles aident à évaluer et suivre les performances sociales et environnementales des fournisseurs.

    Par ailleurs, la réalisation d’audits internes et externes permet de vérifier l’engagement durable des partenaires. Grâce à eux, on peut identifier les écarts par rapport aux standards environnementaux et mettre en place des mesures correctives.

    Collaborer avec les fournisseurs sur la durabilité : 2 stratégies

    Établir une collaboration proactive avec les fournisseurs optimise les pratiques d’approvisionnement durables. Une première stratégie consiste à utiliser la co-innovation, dans laquelle les entreprises et leurs fournisseurs travaillent ensemble en combinant leur expertise pour développer des produits ou des solutions respectant l’environnement. Par exemple, une entreprise de textile peut développer avec ses fournisseurs de nouveaux matériaux fabriqués à partir de fibres recyclées ou biologiques, tout en optimisant les coûts.

    La seconde stratégie réside dans l’établissement d’une charte ou d’un code de conduite éthique assurant une cohérence dans les engagements en matière de durabilité. Ce document formalise les attentes et sert de guide pour les échanges entre l’entreprise et ses fournisseurs. La charte peut inclure des exigences spécifiques comme la réduction des émissions de carbone, l’utilisation de matériaux durables ou des pratiques de réduction des déchets. Les fournisseurs acceptent ainsi de se conformer à ces normes et s’engagent à mettre en œuvre des actions concrètes pour respecter les objectifs fixés. Ce cadre commun renforce la transparence et la responsabilité en favorisant une collaboration plus harmonieuse.

    Intégrer la durabilité dans les processus d’achat : stratégie et bonnes pratiques

    Prioriser les achats locaux

    Favoriser le circuit court est une stratégie clé pour intégrer la durabilité dans les processus d’achat. En choisissant des fournisseurs proches, vous réduisez les distances de transport et donc l’empreinte carbone associée au fret. Les circuits courts permettent aussi de réduire les coûts logistiques, en adoptant par exemple un approvisionnement en flux tendu plus facilement gérable avec la proximité.

    Soutenir des fournisseurs locaux renforce par ailleurs l’économie régionale en créant des emplois et en stimulant l’activité économique. Cette approche améliore l’image de l’entreprise en tant qu’acteur engagé dans son environnement sociétal.

    Utiliser des matériaux écoresponsables

    Choisir des matériaux recyclés ou recyclables présente de nombreux avantages. Ils réduisent la demande de matières premières et limitent ainsi l’extraction des ressources naturelles comme la consommation d’énergie. En fin de cycle de vie, les matériaux recyclables peuvent être transformés en nouveaux produits pour minimiser les déchets et réduire l’impact écologique des processus de fabrication.

    L’économie circulaire favorise par ailleurs des cycles de vie plus longs et moins polluants. En intégrant des matériaux durables et recyclables, les entreprises réduisent le gaspillage et limitent la pollution liée à la fabrication de nouveaux produits. Allonger le cycle de vie du bien permet de respecter les nouvelles normes liées par exemple à la réparabilité des équipements.

    Suivre et évaluer les performances

    Mesurer l’impact des stratégies d’achat durable assure leur efficacité en améliorant les processus de manière continue. Pour cela, vous pouvez utiliser les tableaux de bords et des indicateurs de performance (KPI) pour suivre les progrès en temps réel et comparer les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés. Vous identifiez ainsi plus aisément les domaines où les stratégies nécessitent des ajustements.

    Le reporting ESG (environnemental, social et gouvernance) joue également un rôle essentiel en fournissant une vue d’ensemble sur les performances durables de l’entreprise. Il rend compte des impacts environnements, sociaux et éthiques des achats pour offrir une transparence accrue aux parties prenantes. Là aussi, le reporting permet d’ajuster les pratiques et d’optimiser l’impact positif, tout en montrant son engagement.

    La gestion des achats écoresponsables est en pleine transformation et les tendances futures promettent d’élargir encore les horizons de l’approvisionnement durable. Les technologies comme l’intelligence artificielle et la blockchain facilitent la traçabilité des matériaux et l’évaluation des impacts environnementaux des fournisseurs pour offrir plus de transparence et une meilleure gestion des chaînes d’approvisionnement. Par ailleurs, les critères sociaux prennent une importance croissante dans l'approvisionnement durable. Le respect des droits de l'homme et la lutte contre le travail des enfants sont désormais des aspects essentiels de l'éthique d'achat.

    Les bénéfices d'une approche écoresponsable des achats sont nombreux : réduction de l'impact environnemental, économies sur les coûts logistiques, soutien à l'économie locale, amélioration des conditions sociales. En intégrant ces pratiques, les entreprises ne se contentent pas seulement de respecter des normes, elles contribuent activement à un avenir plus durable et équitable. Elles améliorent aussi leur image de marque et leur engagement RSE auprès des consommateurs.

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