Avec son boîtier plein rectangulaire, noir, équipé sur une seule face ou sur plusieurs côtés, et ses broches permettant d'établir des connexions électriques, on le reconnaît de loin, malgré sa taille toujours plus réduite. Le circuit intégré est un composant électronique qui reproduit une ou plusieurs fonctions électroniques plus ou moins complexes, grâce à l’intégration de plusieurs types de composants électroniques de base sur un circuit imprimé.
Dans leur assemblage en microprocesseurs, ils sont aujourd'hui aussi présents dans nos cafetières, nos devices et nos voitures que dans la navette spatiale de Thomas Pesquet.
1952 : George William Arnold Dummer, chercheur britannique au Royal Radar Establishment, donne une conférence à l’occasion de la tenue de l’Electronic Components Conference, à Washington. Il en est sûr : avec l’arrivée du transistor et des semi-conducteurs, il paraît possible, selon lui, « d’envisager un équipement électronique complet sous la forme d’un bloc solide, sans fil de connexion. Le bloc pourrait consister en une couche d’isolant, de conducteurs, de redresseurs et d’amplificateurs. Les fonctions électriques seraient établies en reliant ces différentes zones. »
1958 : De nombreux bureaux de Texas Instruments sont vides… Jack Kilby n’est pas parti en vacances, des vacances organisées par la compagnie qu’il vient de rejoindre. Les ordinateurs sont encore des machines monumentales qui occupent des pièces entières et fonctionnent avec des cartes perforées. Fasciné par les transistors, obsédé par la miniaturisation, le jeune ingénieur a compris comment confectionner des composants intégrés. Mais comment les interconnecter ? Il utilise une tranche de germanium capable de recevoir 25 transistors et connecte ces composants avec des fils d’or. Il baptise cet assemblage du nom de « circuit intégré » et dépose une demande de brevet intitulé « circuits électroniques miniaturisés » pour son travail sur un dispositif de multi-transistor.
Au même moment, dans la Silicon Valley, le physicien Robert Noyce. Un des fondateurs de la société Fairchild Semiconductor assemble son propre circuit intégré. Le dispositif de Kilby comprend plusieurs transistors reliés par des fils, le sien propose de les interconnecter au moyen d’une couche de métal conductrice en silicium.
En le présentant au public 6 mois trop tard, il rate le coche de la primeur de l’invention. C’est partie remise. En 1968, il fondera Intel, une entreprise pleine d’avenir…
1959 : Jack Kilby présente son circuit intégré à l’exposition de l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers). En quelques mois, il est passé du stade du prototype à la production de masse de puces en silicium intégrant plusieurs transistors.
1965 : Gordon E. Moore, directeur de recherche chez Fairchild, énonce la loi qui porte son nom, la « loi de Moore ». Cette règle exponentielle prévoit que le nombre de composants électroniques dans un circuit intégré doublerait tous les ans. Le circuit intégré le plus complexe ne comporte alors que 64 composants. Cette loi sera rectifiée, dix ans plus tard, portant à deux ans le rythme de doublement du nombre de composants. Aujourd’hui, la période est de dix-huit mois.
2000 : Le prix Nobel de physique est attribué à Jack Kilby pour sa contribution à la révolution informatique. Il siège encore au directoire de Texas Instruments, détient plus de 60 brevets à son nom. En plus du circuit intégré, on lui doit l’invention de la calculatrice de poche. Quant à Robert Noyce, il aurait partagé avec Kilby la distinction suprême s’il n’était pas mort cinq ans auparavant. Et le prix Nobel n’est pas une récompense que l’on ne décerne à titre posthume.