Connectez-vous / Enregistrez-vous pour accéder aux avantages de votre compte
Récemment recherché
      • Publié le 12 janv. 2023
      • Mis à jour le 10 déc. 2024
    • 15 min

    L'évolution de l'utilisation des EPI

    L'évolution de l'utilisation des EPI

    Article publié le 22/11/2021

    Avec la pandémie de COVID-19, les EPI (pour équipements de protection individuelle) sont soudainement passés dans le langage courant pour le grand public. Gant, masque, visière… si les EPI sont d'actualité pour se protéger d'un virus, leur usage ne date pas d'hier et s'est adapté avec le temps. C'est l'occasion d'une rétrospective historique des EPI à travers le temps et les époques.

    Les premiers équipements de l'histoire au service de la guerre

    On peut retracer l'histoire des premiers EPI à l'Antiquité, lorsque les soldats portaient des casques, des masques et des gilets de protection afin de combattre leurs ennemis. L'histoire militaire est ainsi liée à l'histoire des équipements de protection et on retrouve les premières traces des armures plusieurs siècles avant notre ère. À partir du VIIe siècle av. J.-C., les hoplites grecs portaient déjà une cuirasse par-dessus leur tunique afin de protéger le torse des soldats. Du côté de l'Empire romain, c'est en 107 av. J.-C. que la réforme marianique vient standardiser et perfectionner l'équipement dans l'armée romaine. En Asie, dès le 4e siècle, les Japonais attachaient des plaques de fer nouées avec du cuir sur le torse des soldats et des cavaliers pendant les combats pour éviter les blessures.

    Les armures japonaises du 4e siècle

    Partout dans le monde, la nécessité de protéger les soldats s'impose avec des matériaux qui varient selon les époques et les régions. Les plus connus sont notamment les équipements de protection en tissu (lin ou soie utilisés sur plusieurs épaisseurs), en cuir souple ou rigide, en bois ou en bambou (pour les boucliers notamment), mais aussi en métal (plaque d'écailles, cottes de mailles, etc.).

    Les premiers masques en vessie de porc dès l'antiquité

    Si les soldats étaient protégés pour accomplir leur mission, c'était aussi le cas des ouvriers pour qui les masques de protection existaient déjà dans l'Antiquité. Ils étaient alors constitués de vessie de porc pour faire barrage à la poussière métallique soulevée lors du travail de préparation du vermillon notamment. Les personnes qui broient de l'oxyde de plomb s'enveloppent le visage de vessies non soufflées, qui, tout en leur permettant de voir à travers, les empêchent d'aspirer cette poussière mortelle.

    Les tenues professionnelles du Moyen-Âge

    En occident, au Moyen-Âge, les forgerons portaient des gants de protection et des tabliers pour éviter d'être brûlés par le métal en fusion qu'ils travaillaient. De son côté, le vitrier portait une blouse pour se protéger des bris de verre. C'est l'époque où les vêtements de travail jouent un double rôle : protéger les travailleurs et déterminer la place de ces personnes dans la société. Chapeau, pantalon, chemise… chaque tenue utilisée était le symbole d’un métier qui avait une place dans l'échelle sociale. Ici, la question de l'équipement de protection était surtout liée à la capacité de pouvoir travailler avec des matières dangereuses, coupantes, en fusion, etc. La protection est indispensable et est réservée aux métiers sans lesquels il serait impossible de travailler autrement.

    Les tenues du moyen-âge

    17e siècle et peste noire

    Le masque des médecins de la peste apparaît sans doute comme le masque le plus étrange de l’histoire. En forme de bec d’oiseau dépassant d’un équipement composé notamment de lunettes, d’une longue blouse de tissu ciré, d’un pantalon et de gants de cuir ainsi que d’un bâton permettant de toucher ou de repousser les malades, ce long masque est fait le plus souvent de carton bouilli. Il a été inventé par le premier médecin de Louis XIII, Charles de Lorme, pendant une épidémie de peste qui sévissait en 1619. Il préconisait d’ailleurs de l’emplir de parfums (camphre, thym, clou de girofle, rose, etc.) pour protéger les médecins des miasmes avec des herbes réputées bienfaisantes pour purifier l'air avant que celui-ci n'atteigne les narines des soignants. S'il a été démontré que ce masque n'était pas très utile pour se protéger de la peste (qui se transmet par des morsures de puces, un contact avec des fluides ou des étoffes contaminés, ou en inhalant les projections de personnes infectées éternuant, toussant ou crachant), il a contribué à personnifier le médecin de la peste pendant ces épidémies.

    18e siècle : les premiers gants chirurgicaux

    Dans le milieu médical, c'est à la fin du 18e siècle que l'on commence à utiliser des gants pour examiner les patients. Les médecins utilisaient des gants d'obstétrique fabriqués à partir d'intestins de mouton pour protéger à la fois le patient et eux-mêmes. Aux États-Unis, c'est dans les années 1840 que Charles Goodyear a breveté une formule de caoutchouc lui permettant de fabriquer des gants chirurgicaux suffisamment souples pour être portés.

    Les premiers gants chirurgicaux

    La révolution industrielle : un changement de paradigme

    C'est dans la première moitié du 19e siècle que la société occidentale se développe rapidement. On assiste à une transformation causée par le passage du système manufacturier à l'usine mécanisée. Le boom ferroviaire des années 1840 affecte profondément la société et les habitants des campagnes partent travailler dans les usines situées en ville. Le risque augmente avec la manipulation de produits chimiques ou dangereux, le travail en hauteur ou la proximité avec des équipements industriels massifs.

    Le bleu de travail

    À cette époque, le risque n'est bien sûr pas appréhendé de la même manière qu'aujourd'hui. Le meilleur exemple réside dans les conditions de travail des mineurs qui travaillaient 10 à 12 heures sous terre avec un équipement de protection minimaliste. À partir du milieu et jusqu’à la fin du 19e siècle, le pantalon Denim est le pantalon de travail le plus utilisé par les agriculteurs, mineurs et artisans qui travaillaient dans un environnement difficile. Vêtements professionnels destinés à protéger des salissures, ils ne jouaient qu'un rôle très mineur sur la protection des travailleurs. Ce n'est qu'à la fin du 19e siècle que les lois commencent à changer avec notamment deux dates clés :

    • Loi du 12 juin 1893 : elle concerne l’hygiène et la sécurité des travailleurs dans les établissements industriels. C'est la première à reconnaître un droit à la santé à tous les salariés de l'industrie en France. Son objectif est la mise en place de conditions d'hygiène et de salubrité nécessaires à la santé du personnel. Les mesures préventives concernent la propreté des locaux, l'aération, l'éclairage, les odeurs et les émanations malsaines, la poussière, les gaz nocifs et les incendies.
    • Loi du 9 avril 1898 : c'est une loi sur les accidents du travail établissant le principe de la responsabilité patronale.

    Les premiers masques « modernes »

    C'est grâce au médecin sino-malaisien Wu Lien Teh que les masques furent utilisés pour la première fois lors d'une pandémie de peste qui fit des ravages en Mandchourie, dans les années 1910-1911 (50 000 morts), quelques années avant la pandémie de grippe espagnole. Il a créé un masque facial avec du coton, de la gaze et plusieurs couches de tissu pour aider à filtrer l’air que les individus respiraient. Son invention est souvent présentée comme étant précurseure du célèbre masque N95 utilisé aujourd'hui.


    La Première Guerre mondiale

    L'une des premières utilisations à grande échelle des EPI se retrouve durant la Première Guerre mondiale avec une protection respiratoire destinée aux soldats afin de neutraliser les effets toxiques et nocifs des gaz de combat. Au sortir de la guerre, les droits de la classe ouvrière se développent et d'autres protections individuelles font leur apparition comme les combinaisons de protection destinées à prévenir la contamination par des risques biologiques, chimiques et physiques.

    Les masques à gaz, EPI durant la guerre

    Des années 50 aux années 80

    Entre 1955 et 1975, le taux des accidents du travail diminue d'un tiers en raison de la modernisation de l’outil industriel et du développement de la sécurité sur les lieux de travail. En 1973, le législateur consacre le concept de « conditions de travail » et crée l'Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail (ANACT). La loi du 6 décembre 1976 pose le principe de l'intégration de la prévention des risques professionnels à l'ensemble des situations de travail.

    La loi du 23 décembre 1982 crée le Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT), qui remplace les anciens Comités d'Hygiène et de Sécurité (CHS). Le droit de retrait en cas de danger est consacré.

    De 1989 à 1991 : l'influence européenne

    Depuis la directive européenne 89/ 391/CEE du 12 juin 1989 concernant l’amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs, les textes qui régissent l’hygiène, la santé et la sécurité au travail sont en vigueur dans toute l’Union Européenne et repris dans les textes français, en particulier dans le Code du travail et applicables dans les secteurs privés comme public.

    C'est en 1989 que le terme EPI est apparu avec la directive 89/686/CEE du 30 novembre. Ces équipements de protection individuelle sont définis comme « tout dispositif ou moyen destiné à être porté ou tenu par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa santé ainsi que sa sécurité au travail, ainsi que tout complément ou accessoire destiné à cet objectif ».

    Par la suite, de nombreux textes réglementaires sont relatifs aux Équipements de Protection Individuelle (EPI). Ils découlent de la loi n°91-1414 du 31 décembre 1991, issue elle-même des directives européennes de 1989. Les textes pris pour application concernent notamment les règles techniques applicables aux EPI, les mesures de certification de conformité, les mesures d’organisation, les conditions de mise en œuvre et d’utilisation des EPI.

    Aujourd'hui : une obligation légale qui accompagne les droits des travailleurs

    Les EPI sont fournis gratuitement par l'employeur qui a l'obligation de protéger la santé et la sécurité de ses employées. Par conséquent, ils ne sont pas considérés comme des avantages en nature. C'est le Code du travail qui régit l'utilisation des EPI et il a été mis à jour à plusieurs reprises au cours des dernières décennies. Aujourd'hui, l'article R.4311-8 est en vigueur depuis le 29 décembre 2009. Il définit les EPI comme étant « des dispositifs ou moyens destinés à être portés ou tenus par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa santé ou sa sécurité ».

    L’employeur est tenu d’assurer le maintien « dans un état hygiénique satisfaisant par les entretiens, réparations et remplacements nécessaires » d’après les articles R.4321-4 et R.4323-95 du Code de travailLa loi impose à l’employeur de payer le nettoyage des vêtements de travail, dès lors que l’entreprise impose le port de tenues à ses salariés.

    Obligations des employeurs et des employés en matière d'EPI

    Les obligations en matière d'EPI sont nombreuses et elles concernent aussi bien l'employeur que l'employé. Découvrez-les plus en détail dans notre article.

    Les EPI au-delà de la fonction purement utilitaire

    Aujourd'hui, les notions de sécurité et de protection sont rejointes par le confort. L’EPI doit être un élément qu’on peut porter dans la vie de tous les jours. Il existe aussi des gammes pour les femmes. Un sujet important qui concerne les ouvrières comme les astronautes de l'ISS.

    Selon l’ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail), la diminution de 15,1% des accidents de travail de 2001 à 2016 masque une autre réalité : une hausse des accidents pour les femmes (+30,5%). Derrière ces chiffres se cache le fait que les métiers qui nécessitaient des EPI étaient très majoritairement exercés par des hommes. Par conséquent, les femmes qui travaillaient dans les usines ou dans le BTP devaient souvent porter des équipements de protection qui ne correspondaient pas à leur morphologie. Chaussures de sécurité mixtes inconfortables, manches trop longues, coupes non ajustées, vêtements trop larges… un EPI de mauvaise taille n’offre pas une protection optimale, peut se coincer dans une machine, et sera également très inconfortable à porter.

    Depuis une dizaine d’années, les fabricants et distributeurs de vêtements professionnels et d’EPI ont féminisé leur gamme avec une offre adaptée. Ils proposent des tenues plus esthétiques, adaptées aux formes de femmes, et assurant un niveau de protection optimal. Ces EPI sont aussi utiles pour représenter positivement les entreprises en termes de marque employeur.

    Les EPI pour les femmes

    Les EPI dédiés pour les femmes sont un réel enjeu pour leur sécurité. On vous en dit plus avec notre article, qui contient également une interview de Parade, fabricant français d'EPI.

    Le futur des EPI

    La miniaturisation technologique et le développement des wearables (objets et vêtements connectés) constituent la base du futur des EPI. Ces équipements innovants visent à réduire considérablement le taux de pénibilité du travailleur et à renforcer sa sécurité en toute situation. C'est notamment le cas des exosquelettes qui protègent le corps des salariés travaillant dans des métiers difficiles comme le BTP. En absorbant l'effort physique, l'exosquelette facilite l'accomplissement de gestes susceptibles de nuire à la santé du travailleur, comme le port de lourdes charges par exemple. Si l'on n'en est qu'aux prémices de cette technologie, l'exosquelette pourrait bien transformer un travailleur en ouvrier « augmenté », lui donnant ainsi accès à de nouvelles capacités pour travailler plus vite dans de meilleures conditions de sécurité.

    Plus proche de nous, il existe des parkas connectées capables de prévenir les secours en cas d’accident grave ou encore de réchauffer le travailleur en cas de températures extrêmement basses. C'est notamment le cas de la parka anticollision capable, grâce à un système relié aux tracteurs et autres engins de chantier, de prévenir à la fois le porteur de la parka et le conducteur dès que ceux-ci sont séparés de moins de dix mètres. Une manière astucieuse pour écarter tout risque de collision. Dans les environnements extrêmes, comme un vent constant, un froid glaçant ou un brouillard limitant la visibilité, la parka chauffante, visible à une distance de 250 mètres et dotée d’un système de Bluetooth la reliant à n’importe quel smartphone permet de protéger la vie de son utilisateur. Ainsi, un chef d’équipe sera averti en cas d’accident et capable de retrouver son collaborateur au plus vite, grâce à la géolocalisation. La parka du futur disposera d'une batterie capable de tenir une journée de travail qui pourra être rechargée chaque nuit en étant placée sur un cintre spécial.

    Les EPI connectés

    L'intelligence artificielle (IA) joue également un rôle clé dans les EPI du futur en ayant la capacité d'anticiper et de prévoir des comportements selon des jeux de données collectées en temps réel. Ainsi, une IA intégrée dans une chaussure de sécurité comprend les habitudes de son utilisateur et détecte les situations anormales comme une immobilité plus longue que d’habitude. La chaussure est aussi capable de se connecter au réseau afin d’envoyer automatiquement une alerte aux aidants et de prévenir son porteur lorsqu’il arrive dans une zone à risques ou interdite afin de protéger son intégrité.

    À terme, la nanotechnologie permettra bientôt d'entrer dans une nouvelle ère où le vêtement professionnel ne servira pas qu'à se protéger ou se vêtir, mais il sera intelligent et pourra notamment purifier l'air, recharger des batteries, masser, mesurer ou encore surveiller le métabolisme de son utilisateur. De quoi alimenter les rêves d'un EPI qui se rapprocherait des costumes de super-héros !

    L'histoire des équipements de protection individuels est avant tout une histoire de l'évolution technologique et de la place du travailleur dans la société. Dans les métiers industriels ou dans le BTP,les travailleurs ne sont plus remplaçables à volonté comme au 19e siècle. Ils disposent d'une technicité et d'un savoir-faire uniques qui apportent de la valeur et qui contribuent à créer des innovations nouvelles. Si les conditions de travail se sont améliorées avec le temps, elles sont aujourd'hui le reflet de notre société et des attentes des consommateurs pour qui la question du respect des droits humains et de la responsabilité sociétale des entreprise est indissociable des produits et services proposés.

    Produits associés

    Les équipement de protection individuelle

    EPI

    Notre gamme comprend des vêtements, des chaussures et des équipements de marques reconnues comme Dickies, 3M, DeWALT, Ansell et notre marq

    En savoir plus

    Gants

    Gants

    La protection des mains occupe une place importante dans la catégorie vêtements de protection personnelle des EPI.

    En savoir plus

    Masques respiratoire

    Masques respiratoire

    Un programme de protection respiratoire peut être nécessaire si la sécurité des travailleurs est compromise par des dangers respiratoire

    En savoir plus

    Vêtements de haute visibilité

    Haute visibilité

    Le choix du type de vêtements de haute visibilité est essentiel dans de nombreuses industries pour éviter les blessures accidentelles.

    En savoir plus

    Pour aller plus loin

    1 / 3