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      • Publié le 3 févr. 2023
      • Mis à jour le 29 août 2023
    • 7 min

    Histoire de la santé et de la sécurité au travail

    Histoire de la santé et de la sécurité au travail

    Article publié le 01/02/2023

    Santé et sécurité au travail… si ces deux notions, intrinsèquement liées, ne sont apparues dans le champ du droit au travail qu’au XIXe siècle, avec le développement industriel, elles sont pensées ensemble depuis des millénaires.

    2 500 ans av. J.-C - Un cas delumbago : Un papyrus égyptien rapporte un cas de lumbago aigu chez un ouvrier bâtissant une pyramide.

    450 av. J.-C – Hippocrate et l’asthme : Celui qui est considéré comme le père de la médecine observe dans ses Aphorismes, que l’asthme est une maladie respiratoire fréquente chez les tailleurs, les pêcheurs et les métallurgistes.

    XV-XVIIIe siècle : l'époque des traités

    1473 - Premier ouvrage de « médecine du travail » : Ulrich Ellenbog, chirurgien à la cour du Tyrol, dépendant alors du Saint-Empire romain germanique, fait paraître un traité au sujet des vapeurs et des fumées toxiques (Von den giftigen besen Tempffen und Reuchen). Destiné aux forgerons d’Augsbourg,c’est le premier ouvrage de « médecine du travail » connu.

    1533 – Traiter mais aussi prévenir : Dans un traité portant « le mal des montagnes et autres maladies des mineurs », Paracelse, alchimiste, astrologue et médecin suisse, décrit les risques professionnels liés à l’extraction des minerais et au travail des métaux : Comment les traiter mais aussi comment les prévenir ?

    1700 – Un ouvrage de référence sur les maladies professionnelles : Bernardino Ramazzini, professeur de médecine à Padoue, en Italie, publie De morbis artificum diatriba, un traité au sujet des maladies des artisans. Pour écrire son ouvrage, Ramazzini a étudié plus de 52 professions. Et identifié deux causes principales à l’origine des pathologies professionnelles :

    • La qualité des substances travaillées, susceptibles de produire des « exhalaisons nuisibles »
    • Les méfaits des mauvaises postures, du travail debout et d’une organisation du travail défaillante

    D’ailleurs, aux questions posées par Hippocrate au malade - ce qu’il sent, depuis combien de jours est-il mal, s’il a le ventre relâché, quels sont les aliments qu’il a mangés – Ramazzini propose d’ajouter celle-ci : « Quel est son métier ? »

    Pendant deux siècles, l’ouvrage sera LA référence en matière de maladies professionnelles, sujet alors enseigné dans les facultés de médecine. 

    1775 – Un cancer professionnel : Percivall Pott identifie une substance chimique à l’origine d’un cancer professionnel : la suie, responsable du cancer du scrotum des petits ramoneurs de Londres, qui commençaient alors à travailler à l’âge de 5 ans.

    Aujourd’hui, près de 20 000 cancers par an en France (5%) seraient d’origine professionnelle, mais moins de 1% sont reconnus comme tels (Compte tenu de la diversité des expositions professionnelles et des multiples facteurs impliqués dans le développement des cancers - tabac, alcool, alimentation déséquilibrée, sédentarité, prédispositions génétiques…). Il n’en reste pas moins que près de 10% des salariés en France sont exposés à un ou plusieurs agents cancérogènes reconnus au cours de leur activité professionnelle. (Source : Cancer-environnement).

    XIXe siècle : la médecine du travail

    1810 – Le médecin du travail : Napoléon crée les premiers médecins du travail, seulement pour les mineurs.  En 1803, il avait mis fin à la liberté d’exercer la médecine sans diplôme.

    1818 – Les conditions de travail dénoncées : Louis René Villermé, ancien chirurgien de la Grande Armée, abandonne la médecine pour se consacrer à la question des inégalités sociales. Il dénonce les conditions de travail abominables des ouvriers des manufactures.

    1838 – Un poète engagé : Le poète Victor Hugo dénonce dans son poème « Melancholia » (Les Contemplations) le travail des enfants dans les usines insalubres.

    1860 - Le premier traité d’hygiène industrielle : Le médecin hygiéniste Maxime Vernois rédige le premier traité d’hygiène industrielle. En ressortent les souffrances physiques et morales du travail des ouvriers en même temps que l’ignorance et le mépris dans lesquelles elles sont tenues, tant par les patrons que par les ouvriers eux-mêmes.

    1874 - L’inspection du travail est créée : Il s’agit de contrôler le travail et la santé des enfants, à la fois pour leur bien mais aussi pour le bien de l’armée, qui peut avoir besoin de leurs services.

    XXe et XXIe siècles : de la santé au travail à la prévention des risques

    1906 - Un ministère pour le travail : La Commission permanente internationale de médecine du travail est fondée à Milan. La même année, l'inspection du travail est rattachée au ministère du Travail, nouvellement créé.

    1923-1930 – Un service de médecine du travail : René Barthe organise l’un des premiers services de médecine du travail, en associant le corps médical, les ingénieurs et l’assistance sociale.Père de la médecine préventive, il débutera en tant que médecin du travail à l’usine Société d’éclairage de Gennevilliers.

    1934 - Le contrôle médical : Il devient obligatoire dans les mines et la métallurgie.

    1946 – Des services médicaux dans l’entreprise : Dans l’esprit du programme du Conseil national de la Résistance (CNR), la loi du 11 octobre 1946 impose aux employeurs la création et le financement des services médicaux dans l’entreprise. A la demande du Conseil national de l’Ordre des médecins, la médecine du travail se voit confier uniquement la prévention des maladies professionnelles et des accidents du travail.

    1947 – L’INRS fait ses premiers pas : Placée sous l’égide de la Sécurité sociale (CNAM), créée en 1945, l'INS, l’Institut National de Sécurité est d’abord une association loi de 1901, à but non lucratif. En 1968, l’Institut élargit ses activités à la recherche appliquée et devient l’INRS, l’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Depuis les années 1980, le transfert des résultats de ses recherches à destination des entreprises et des spécialistes de la prévention est devenu primordial.

    1982 – Le CHSCT est créé : Les lois Auroux créent les Comités d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT), une organisation représentative du personnel, présente dans les établissements d'au moins 50 salariés. Elle est en charge la protection des travailleurs, notamment en matière d'hygiène, de santé et de sécurité. Elle doit aussi participer à l'amélioration des conditions de travail. Depuis le 1er janvier 2020, les missions du CHSCT sont exercées par le comité social et économique (CSE).

    2008 – Le Code du travail fait peau neuve : Entré en vigueur le 1er mai 2008, la nouvelle formule du Code du travail, dont la première formule date de 1910, se veut plus accessible aux acteurs du droit. Pour cela, elle adopte une numérotation à quatre chiffres et une structure subdivisée en parties, livres, titres et chapitres. Une des huit parties - la quatrième - s’intitule : Santé et sécurité au travail. Cette partie, dédiée à la prévention des risques professionnels, se donne à lire comme un « système de management de la sécurité et de la santé au travail ».

    2022 – Prévenir les risques : La loi du 2 août 2021, entrée en vigueur le 31 mars 2022, a pris des dispositions pour renforcer la prévention des risques professionnels.

    • Le 4e Plan Santé Travail (2021-2025) comprend un axe transversal relatif à la lutte contre les accidents du travail (AT) graves et mortels. Un plan pour la prévention des accidents du travail graves et mortels est instauré.
    • En novembre 2022, avec l’appui de l’expertise de l’INRS,le ministère du Travail publie un mémento qui identifie les bonnes pratiques et les bons réflexes à adopter, pour accompagner les jeunes dans leurs premiers pas en milieu professionnel (stagiaires, apprentis, élèves de lycées professionnels ou tout juste embauchés). En raison de leur faible expérience professionnelle et/ou de leur méconnaissance de leur nouvel environnement de travail, ils sont davantage exposés aux risques et aux accidents du travail.

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