Inciter vos collaborateurs à porter leurs EPI

Les équipements de protection individuelle (EPI) sont souvent considérés comme des contraintes pour les salariés. Quatre raisons essentielles sont évoquées par les travailleurs qui refusent de porter leurs EPI :

• Une gêne qui rend les tâches difficiles à exécuter correctement (par exemple des gants qui limitent la précision du geste) ;
• Un inconfort qui rend l’EPI pénible à porter au quotidien (des chaussures trop lourdes, des vêtements trop chauds ou au contraire peu isolants du froid…) ;
• Une difficulté d’utilisation ou des contraintes telles qu’elles rendent l’EPI peu pratique (par exemple le changement de cartouche sur des protections respiratoires) ;
• Des considérations esthétiques (le vêtement de travail est vu comme disgracieux, mal coupé ou peu adapté à la morphologie de la personne).

Résultat : le salarié ne porte pas ses EPI, ce qui favorise la survenue d’accidents du travail. Les conséquences peuvent aussi être plus graves que si l’employé avait porté les protections nécessaires

L’employeur est tenu, selon le Code du travail, d’assurer la sécurité de ses collaborateurs. Pour cela, il fait en sorte que les conditions globales de travail éliminent, autant que possible, les sources de danger. Chaque entreprise est responsable de l’évaluation des risques : elle détermine ensuite quels types d’EPI doivent être adoptés par les travailleurs.

L’employeur doit aussi veiller à ce que les équipements de protection soient portés par les salariés lorsque c’est nécessaire (article R4321-4 du Code du travail). Il doit les fournir gratuitement, les changer dès qu’ils sont inutilisables et contrôler leur conformité aux normes de conception et de fabrication.

Les encadrants doivent également montrer l’exemple en portant eux-mêmes leurs EPI, quelle que soit la situation et dès que c’est nécessaire, même pour une courte visite en atelier !

L’expérience montre que la meilleure façon d’inciter les salariés à porter leur EPI est de leur faire prendre conscience des risques qu’ils encourent sur leur lieu de travail. Cela passe par des sessions d’information et de sensibilisation collectives. Il peut s’agir de montrer les risques liés à la manipulation de produits chimiques ou au travail en hauteur.

Certaines entreprises imposent aux nouveaux recrutés des journées prévention, au cours desquelles ils sont sensibilisés aux risques et à la sécurité.

De nombreux salariés n’utilisent pas leurs EPI parce qu’ils sont inconfortables, peu pratiques ou inesthétiques. Il est nécessaire de prendre en compte ces paramètres lorsque vous êtes amenés à effectuer les achats d’EPI. Plus ils seront adaptés et mieux ils seront acceptés. Le choix du matériel est donc déterminant pour favoriser le port des équipements de sécurité.

Associer les utilisateurs aux choix des EPI

Une excellente manière de connaître les attentes des employés est de les associer au choix des EPI. Ainsi, ils se les approprieront plus facilement. Ils pourront également faire part de leurs besoins et des défauts des équipements précédents, notamment en termes de confort ou d’esthétique.

Pour associer les salariés au choix des EPI, vous pouvez procéder de différentes façons :

• soit au moyen de groupes de travail constitués de volontaires, notamment si votre effectif est important.
• soit par le biais de questionnaires auprès de l’ensemble des salariés, dans les petites structures.

Certains fabricants permettent de tester les équipements pendant un temps donné. Ainsi, chaque salarié peut donner son avis. Un EPI choisi est un EPI porté !

Les critères de choix des EPI

Que vous associez votre personnel ou non, le choix des équipements de sécurité doit être particulièrement soigné. Il doit faire un compromis entre la protection et l’adaptation aux tâches exécutées. Outre la sécurité apportée par l’EPI, trois grands critères doivent être pris en compte :

• Le confort : un EPI inconfortable n’est pas porté, car il gêne le travailleur dans l’exécution de ses tâches. Vécu comme une contrainte, il est rejeté. Favorisez les EPI qui permettent au salarié de travailler dans de bonnes conditions, par exemple en limitant la sensation de chaleur ou de froid. Des chaussures qui font mal aux pieds ne seront pas portées et le travailleur risque un accident du travail.
• L'ergonomie : les EPI doivent être faciles à utiliser, à mettre et à enlever, pour qu’ils soient aussi banals qu’un vêtement ou une paire de lunettes. Certaines protections demandent des manipulations particulières qui doivent être expliquées. Parfois, Une petite formation est nécessaire pour que les salariés puissent s’approprier leur équipement.
• Le style : beaucoup de salariés refusent de porter les EPI par peur d’être ridicules ou parce qu’ils sont peu seyants. Il faut prendre en compte à la fois l’envie d’être à l’aise et l’image renvoyée auprès des collègues, fournisseurs ou clients. ainsi les collaborateurs rechigneront moins à porter leurs protections. Il existe également des EPI spécifiques pour le personnel féminin, aux mensurations adaptées, notamment pour les vêtements de travail ou les chaussures.

Petite subtilité du droit français, l’employeur doit veiller à ce que les salariés portent leurs EPI et les collaborateurs ont l’obligation de les utiliser (car il est tenu d’assurer sa sécurité au travail). Vous devez vous assurer que la liste des EPI est inscrite dans le règlement intérieur et que les salariés ont bien reçu l’information selon laquelle ils doivent porter leurs équipements de protection.

Si malgré tous vos efforts, certains salariés refusent toujours de porter les EPI, vous pouvez leur rappeler la loi. Vous pouvez également utiliser votre pouvoir disciplinaire pour le non-respect des consignes de sécurité. Mais le plus percutant est sans doute de rappeler au salarié qu’en cas d’accident du travail, il ne sera pas ou peu indemnisé s’il n’a pas respecté les consignes de sécurité.