Tout d'abord, pouvez-vous nous parler un peu de vous, de votre parcours et de votre travail au sein de RS Group ?
Anne-Sophie :
Je m’appelle Anne-Sophie Tantale, j’ai 33 ans et cela va faire 11 ans que je travaille chez RS Group. J’ai commencé en tant qu’étudiante, ensuite j’ai effectué plusieurs missions d’intérim qui ont conduit à mon embauche en CDI au contrôle qualité il y a 4 ans.
Au début, j’étais affectée au service Expédition, je faisais du picking et du packing. Cela consiste à préparer les commandes et à les emballer. Dans mon poste actuel, je suis le back-up de la personne qui s'occupe des consommables, à savoir tout ce qui concerne les cartons, les étiquettes et tout ce qui permet d’emballer les commandes. Je charge et je décharge les camions, et je suis aussi en back-up au niveau des retours fournisseurs et des rebuts.
Sandrine :
Je suis Sandrine Julien et je fais partie de RS Group depuis plus de 18 ans. Je suis aujourd’hui chargée de prévention sur le site au service SSE (Santé Sécurité Environnement). J'ai passé 15 ans en tant que magasinière avant d’intégrer l’équipe SSE il y a 4 ans.
Mon rôle consiste à supporter les équipes dans leur quotidien, que ce soit sur la partie bureautique comme sur la partie logistique, qui demande une plus grande présence sur le terrain. Je les accompagne donc sur toute la partie sécuritaire (les consignes de sécurité, la santé, les postes et leur ergonomie). Je veille à ce que l’utilisation des EPI soit adaptée. J’interviens également sur l’aspect environnement et sur le tri des déchets.
Isabelle :
Je suis Isabelle Baillehache, j’ai 53 ans et je suis supplier manager. Je représente le marché français. J'ai pour mission de mettre en place des partenariats avec des nouveaux fournisseurs, de pérenniser les partenariats avec les fournisseurs existants. Je fais également en sorte de sélectionner des produits qui représentent le marché français et qui répondent à ses exigences, et je mets en promotion ces produits au travers d'action marketing. En outre je suis acheteuse, ce qui signifie que je mets en place des contrats, je négocie des remises de fin d'année, des budgets marketing et je négocie également les revues tarifaires.
Comment qualifieriez-vous votre rapport avec les EPI féminins ?
Isabelle :
Dans mon poste actuel de supplier manager, je m'occupe des EPI (équipements de protection individuelle) depuis 5 ans environ et cela fait 16 ans que je travaille pour RS Group dans ce service. Je connais donc parfaitement le marché des EPI féminins.
Anne-Sophie :
Je suis utilisatrice d’EPI au quotidien. J'utilise des gants (que je porte à 60 % du temps) et les chaussures de sécurité à 100 %. Elles sont en effet obligatoires au niveau de la sécurité pour accéder au magasin, pour prévenir les risques de blessures ou de chocs sur les palettes et se prémunir des chutes d’objets.
Dans mon précédent poste, j'utilisais peu d’EPI. En effet, au packing, on utilisait seulement les gants. Les chaussures de sécurité n’étaient d’ailleurs pas obligatoires, on travaillait donc en baskets. Par la suite, le port des chaussures de sécurité a été imposé. J’ai donc pu observer un changement depuis mon précédent poste. Et ce changement est aussi survenu au niveau de l'esthétique, que ce soit pour les polaires, les blousons, les vestes et les chaussures, mais aussi au niveau du confort.
Sandrine :
Comme l’a dit Anne Sophie, il y a 3 ans, les salariés de la partie logistique travaillaient avec des chaussures de sécurité alors que ceux de la partie expédition travaillaient avec des chaussures de running. Un travail conséquent a donc été nécessaire lorsque le groupe a décidé d’équiper aussi les équipes expédition de chaussures de sécurité. Ce travail a été réalisé avec différents fournisseurs et a nécessité un accompagnement des équipes vers le changement.
Il a mis en évidence le fait qu'il fallait des gammes de taille assez larges (du 35 jusqu'au 47, voire 48) selon les modèles de chaussures. Il a nécessité également de respecter les contraintes auxquelles est soumise l’activité de picking. En effet, elle requiert de parcourir entre 12 et 17 km dans la journée, ce qui nécessite donc des chaussures légères et flexibles, tout en respectant en même temps les normes de sécurité. Cela a par ailleurs permis d’orienter les chaussures vers des modèles un peu plus féminins.
Quel est, de votre point de vue, le plus gros souci aujourd’hui concernant les EPI féminins ?
Isabelle :
De mon point de vue, les femmes d’aujourd'hui recherchent des EPI qui, outre leur aspect normatif, répondent à tous les critères de confort et design, de façon que les EPI s'intègrent dans leur morphologie.
Anne-Sophie :
Selon moi, le souci majeur concerne les tailles. plusieurs modèles sont proposés aux salariées pour choisir leur veste, mais seulement pour les tailles dites « standard ». Pour les autres gabarits, qu’ils soient plus gros ou plus minces, la gamme de choix est plus restreinte.
Concernant les chaussures, il est parfois difficile de se chausser lorsqu'on a une toute petite pointure. L’esthétique des chaussures qu'on me propose aujourd’hui s’est nettement améliorée : elles ressemblent à des baskets. Au niveau confort, elles ont également fait de gros progrès et sont maintenant agréables à porter.
Sandrine :
Je confirme les propos d’Anne Sophie, les tailles restent un vrai souci, parce que toutes les femmes n’ont pas la même morphologie, ni la même grandeur. Il est difficile pour toutes les femmes de se retrouver dans les tailles qui nous sont proposées. C’est pourquoi on recherche des modèles de vêtement du XS jusqu'au 3XL ou 4XL. Mais bien souvent, quand il s’agit de tailles femme « ajustées », elles ne correspondent pas aux morphologies des unes et des autres.
Le constat est le même concernant les gants anti-coupures. Les tailles vont être plutôt larges, et peu fuselées, donc peu féminines.
Concernant les chaussures, les femmes réussissent cependant à trouver chaussure à leur pied ! Le travail d’Isabelle, qui est responsable des EPI chez RS Group, a bien ciblé les besoins des femmes et il existe aujourd’hui un panel de choix. Elle a bien étudié les différents fournisseurs (3) et les gammes proposées (3 voire 4 modèles différents), qui sont déjà référencés chez RS Group. Cela me permet de bien équiper les équipes au niveau style et confort.
Laquelle de vous trois possède la responsabilité de vérifier que les EPI répondent aux normes de sécurité ?
Sandrine :
C’est de ma responsabilité de faire respecter le port des EPI, mais aussi de trouver les bons EPI avec les bonnes normes en termes de sécurité par rapport au besoin.
Isabelle :
Je souhaiterais apporter deux précisions.
Il n’existe pas de conditions particulières liées aux normes pour les EPI dédiés aux femmes. En effet, les conditions particulières normatives sont pour les EPI dans leur ensemble. L'obligation du fabricant est de fournir des produits qui sont marqués CE, et ceci depuis 2018. La responsabilité du distributeur est de s'assurer que les produits livrés sont conformes.
Par ailleurs, le fournisseur doit également s'assurer que les EPI qui sont vendus vont proposer des documentations techniques dans la langue locale du pays dans lequel les produits vont être vendus. Le distributeur devra s'assurer de cette conformité. Je dois donc m'assurer que le fabricant livre des produits qui répondent à cette conformité.
Quels sont, selon vous ou selon les retours d’expérience de vos collègues de travail féminines, les EPI féminins sur lesquels il y a le plus d’efforts à faire ?
Anne-Sophie :
Des collègues de travail m’ont remonté le fait que le nombre d’EPI est insuffisant en termes de pantalons et de tee-shirts. Concernant les vestes de travail, chacune en possède une, voire 2. En revanche, au niveau des tee-shirts et des pantalons, leur dotation est d’un seul exemplaire. Or, leur usure étant plus rapide, beaucoup de personnes n’en ont plus. Elles aimeraient que leur renouvellement soit un peu plus fréquent ou qu’on puisse en avoir un peu plus à disposition. Cela implique que leurs vêtements personnels soient utilisés en remplacement, ce qui pose un problème sur les postes où on manipule beaucoup les bacs, qui frottent sur les vêtements. Les salariés ne souhaitent pas abîmer leurs vêtements, en particulier sur les postes salissants (présence de graisse).
Sandrine :
Selon moi, les efforts devraient surtout être axés au niveau des tailles des gants.
Les lunettes de protection nécessiteraient également une attention particulière : en effet, sur certains postes notamment, la protection du visage doit être maximale. Or certaines lunettes sont relativement grandes et pas forcément bien adaptées aux petits visages.
Concernant les masques, des améliorations pourraient également être apportées. Certains masques à coque viennent prendre ensemble du visage et sont relativement durs. Ils vont se révéler trop grands sur un visage d’une femme de petite taille ou qui n'a pas un visage standard. Sur ces types d’EPI, il y a encore du travail à fournir.
Isabelle :
Il reste encore un chemin important à parcourir… Mais aujourd’hui, les fabricants ont de plus en plus la préoccupation de** prendre en compte ces besoins pour les femmes** et ils proposent de plus en plus des produits qui répondent à ces besoins. Par exemple, les chaussures ont des moules de fabrication qui répondent aux chaussants féminins. On pourra donc trouver sur le marché des chaussants pour les femmes et des chaussants pour les hommes.
De la même manière, les vêtements sont maintenant de plus en plus cintrés et ajustés, liés à la morphologie féminine. Certaines lunettes possèdent des entraxes pour les petites têtes. Certains types de gants sont proposés dans des tailles basses (taille 6 et 7 pour les petites mains). Au niveau des masques respiratoires ou des demi-masques, des tailles S sont proposées, appropriées à la morphologie féminine. Ce n'est pas une niche, mais de plus en plus de fabricants proposent des équipements de protection individuelle féminins.
Quels conseils issus de votre propre retour d’expérience sur les EPI donneriez-vous à une femme qui occupe le même poste que vous ?
Anne-Sophie :
Je lui rappellerais que concernant les gants, elle ne doit pas hésiter à aller se servir elle-même au niveau du bureau du manager, puisque les gants sont en libre-service. C’est à elle de juger de leur usure et d’aller en récupérer une paire neuve dès qu'elle en a besoin.
Sandrine :
Je lui recommanderais d'être patiente au quotidien ! Ce travail n’est pas facile puisqu'on est un peu vue comme un donneur d'ordre. Mais notre présence permet de supporter les équipes pour qu’elles respectent les consignes, comme dans la vie de tous les jours.
Face à l’obstination de certaines personnes, il faut leur tenir tête, continuer à faire passer les messages de prévention et leur rappeler que les accidents n'arrivent pas qu’aux autres.
Je lui rappellerais également qu’il faut veiller à ce que les équipes soient bien dans leur environnement de travail, avec des EPI adaptés pour ne pas être contre-productif.
Quel message souhaiteriez-vous vous transmettre les unes aux autres ?
Anne-Sophie :
Je souhaiterais féliciter Sandrine pour son courage. Son travail de coordinatrice sécurité est difficile car elle est très sollicitée par les équipes. Je souhaiterais que les salariés soient un peu plus objectifs et conciliants à son encontre car le travail qu’elle réalise n'est pas facile et qu'elle fait de son mieux pour répondre aux nombreuses demandes des salariés.
Sandrine :
À mon tour de te remercier Anne-Sophie ! Tu es toujours très réactive à mes demandes et tu te portes volontaire quand je te le demande. Lorsque je te sollicite quand des nouveaux fournisseurs rentrent au catalogue et que je te demande si les différents types de nouveaux produits sont adaptés à ton poste, tu disposes d’une très bonne démarche lorsqu’on travaille toutes les 2 en lien.
C'est un réel plaisir de travailler avec quelqu'un de positif, qui trouve des avantages à toutes les situations, aussi négatives peuvent-elles sembler.
Tu réalises un très gros travail de filtrage et aujourd'hui on peut dire que les fournisseurs qu'on met à notre catalogue offrent des produits performants, validés par tes soins au service logistique !
Le mot de la fin pour chacune d’entre vous ?
Anne Sophie :
Parce que je n'aime pas forcément tout ce qui est féminin, j’ai volontairement choisi une veste dans un modèle homme de couleur sombre. Mais je trouve très bien que les filles au tempérament plus « girly » puissent choisir des EPI de couleur rose si c’est leur choix. Il est vrai que les modèles d’aujourd’hui sont plus féminins qu’à une époque où il n’y avait vraiment pas le choix de coupes, des couleurs neutres, comme le noir ou le bleu marine.
Sandrine :
Dans la mesure où j'ai des demandes de féminisation de la part de certaines femmes, je suis sensible aux EPI féminins mieux coupés et de couleurs plus claires. Pour ma part, je considère les chaussures roses ou les liserés roses comme des détails un peu « clichés ». Je trouve dommage de se restreindre à ce genre de détail dans le choix d’EPI. Mon choix personnel va donc clairement vers des vêtements ou des chaussures plutôt classiques. Mais mon rôle est de répondre à la demande croissante de vêtements plus féminins et de contenter tous les types de demandes.
Isabelle :
Aujourd'hui le besoin de la femme au niveau des EPI est connu et de plus en plus de fournisseurs sont sensibles à ce besoin. Au niveau des EPI d'une façon générale, les fournisseurs pour la plupart peuvent proposer des EPI ou des vêtements de travail genrés femme ou homme. Mais ils proposent également beaucoup d’EPI dits mixtes, de façon à couvrir tous les besoins aussi bien les besoins féminins que les besoins pour les hommes.