Pour rappel, la « Directive Machines » définissait un cadre réglementaire au sein de l'Union européenne visant à assurer un niveau élevé de sécurité des machines et des équipements de travail. Son rôle était donc d’établir les exigences essentielles de sécurité auxquelles les machines nouvellement construites se doivent de répondre avant d'être mises sur le marché européen. Des exigences qui couvraient un large éventail de critères, à commencer par la conception et la construction des machines, les composants utilisés, les systèmes de commande ou encore les dispositifs de protection et les alarmes en passant par les instructions d'utilisation. La directive fournissait également des lignes directrices détaillées sur les procédures d'évaluation de la conformité afin que les fabricants s'assurent que leurs machines respectaient pleinement les exigences de sécurité. Ces mêmes fabricants étaient aussi tenus de fournir une déclaration de conformité, une marque CE ainsi que des informations d'utilisation et d'entretien appropriées.
Mais si la directive Sécurité Machines a joué un rôle majeur dans la protection des travailleurs et des utilisateurs finaux contre les risques liés à l'utilisation de machines, mais aussi dans l’harmonisation de la norme et la libre circulation des machines sur le marché européen, celle-ci s’est vite confrontée à des obstacles. Parmi eux, la portée limitée de la norme elle-même qui ne couvrait que les machines mises sur le marché dans l’UE. Aussi, l’interprétation de la norme peut varier d’un État membre à l’autre, freinant sa mise en application et donc sa pertinence. Par ailleurs, outre le manque parfois d’explications techniques détaillées, la directive pâtissait d’une adaptation plutôt lente aux évolutions technologiques, les machines qui apportaient davantage d’innovations risquant de ne pas être couvertes par la directive. Enfin, si les contraintes incombaient essentiellement au fabricant, la directive excluait en grande partie la responsabilité de l’utilisateur.
Pour faire simple, cette nouvelle écriture de la réglementation apporte plusieurs avantages, à commencer par le fait d’homogénéiser l'application des normes, principal obstacle au sein de l’Union Européenne et sa myriade d’États membres au droit du travail souvent très variable d’un pays à l’autre. Avec ce nouveau règlement, la mise en œuvre de la loi sera plus simple et plus directe, s’affranchissant des problèmes posés par son interprétation. Surtout, comme il le sera évoqué plus bas dans l’article, le règlement sur la sécurité des machines va introduire de nombreux critères supplémentaires, s’élargir à l’ensemble des acteurs et prendre en compte les composants ainsi que les machines modifiées ou « rétrofitées ». Ainsi, seules les modifications n’affectant pas les exigences essentielles de santé et de sécurité (EESS) ne sont pas considérées comme des modifications substantielles.