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      • Publié le 9 janv. 2023
      • Mis à jour le 13 mars 2024
    • 11 min

    Quels EPI pour l'industrie chimique et pharmaceutique ?

    Quels EPI pour l'industrie chimique et pharmaceutique ?

    Article publié le 15/07/2022

    L’exposition régulière aux produits chimiques a de réelles incidences sur la santé. Chaque année, l’Assurance Maladie rapporte près de 1800 nouveaux cancers et affirme que 2% des salariés seraient victimes, en moyenne, d’un accident professionnel dû aux risques chimiques. Pour le personnel exposé régulièrement ou même ponctuellement à des produits chimiques, il est nécessaire de garantir la sécurité et la santé au travail. L’entreprise est tenue de mettre en place des mesures de prévention collective et de fournir aux salariés des équipements de protection individuelle adaptés. Comment les choisir, quelles sont les normes à respecter, les obligations pour les employeurs ? Quels sont les dangers majeurs ? Quelles solutions permettent de les réduire ? Découvrez tout ce qu’il faut savoir.

    Les risques professionnels dans le secteur de la chimie

    Les risques professionnels du secteur de la chimie

    Les risques chimiques

    Les produits chimiques, les solvants, les excipients ou encore les substances biologiques... sont de nombreuses menaces pour la santé des travailleurs. Des défauts de protection ou une exposition trop longue engendrent des états pathologiques plus ou moins graves : irritation cutanée, intoxication, atteintes respiratoires, asphyxie…

    Lors de contacts répétitifs et prolongés, les effets sur l’organisme sont beaucoup plus insidieux et peuvent surgir des années après : problèmes rénaux, hépatites, cancers, troubles cardiaques, perturbateurs endocriniens, infertilité…

    Des seuils d’exposition et de toxicité ont ainsi été définis pour protéger des affections immédiates. Mais pour de nombreuses maladies, comme les cancers professionnels, les durées limites d’exposition restent encore relativement méconnues.

    Les erreurs humaines

    Dans ces industries, de nombreuses opérations sont entièrement manuelles ou, lorsqu’elles sont mécanisées, nécessitent l’intervention humaine.

    Par exemple, lors du transvasement de certains agents, de leur conditionnement pour le stockage ou la production, des projections peuvent provoquer de graves brûlures. Avec certaines machines à très hautes températures ou certains outils coupants, notamment le matériel de laboratoire, la moindre erreur est aussi source d’accident.

    Les risques liés aux conditions de travail

    Le travail de nuit ou posté en équipe est souvent imposé pour répondre aux exigences de production mais aussi aux contraintes de fonctionnement : restriction du nombre de salariés sur les lieux de travail, limitation de leur durée d’exposition dans des environnements toxiques…Ce rythme de travail est souvent à l’origine de pathologies psychosociales ou somatiques se manifestant par des troubles du sommeil, une dépression, des problèmes digestifs…

    Enfin, il ne faut pas négliger la nature des tâches qui peut avoir une incidence réelle sur la santé. Les employés effectuant des gestes répétitifs et adoptant parfois de mauvaises postures ont un risque élevé de développer des troubles musculo-squelettiques et des dorsalgies.

    Le risque d’incendie ou d’explosion

    Il s’agit du risque majeur en zone ATEX (Atmosphère Explosive). Au contact de l’air, une réaction chimique peut, en effet, engendrer une déflagration aux conséquences très graves.

    L'évaluation des risques

    Pour garantir la sécurité et la santé des salariés, les industries chimiques et pharmaceutiques doivent répertorier tous ces risques pour mettre en place des protocoles adaptés et des mesures pour assurer la sécurité du personnel.

    L’objectif est de repérer les dangers des substances utilisées. Chaque agent est répertorié sur une fiche de données de sécurité, FDS. Ce type de document permet de définir avec la médecine du travail des protocoles de prévention à mettre en place et des seuils d’exposition moyens.

    L’entreprise est tenue de communiquer aux membres du CHSCT ou à défaut du CSE le compte-rendu de ces évaluations et de leur rapporter tous les incidents relevés.

    L'évaluation des risques

    Les mesures de protection collective

    On distingue deux niveaux d’action :

    • Le plan technique

    Pour réduire les risques de pollution chimique, le travail est cloisonné dans des espaces totalement confinés ou plus partiellement, avec l’encoffrement. La qualité de l’air est constamment surveillée avec la mise en place de capteurs et l’installation de ventilation et de système d’assainissement de l’air. Enfin pour pallier les erreurs humaines, la meilleure option est l’automatisation des process.

    • L’organisation du travail

    Les limites de temps d’exposition aux agents chimiques ne sont pas clairement définies pour prévenir certaines maladies professionnelles comme les cancers. La meilleure solution pour protéger les travailleurs est donc de réduire la durée d’utilisation.

    Outre cette modification de la gestion du temps de travail, des protocoles stricts sont instaurés sur les sites : amélioration du stockage, gestion des quantités…

    Que dit la réglementation en matière de prévention du risque chimique ?

    La réglementation

    Le Code du travail impose de très nombreuses règles de prévention aux agents chimiques dangereux, ACD (article R. 4412-1 à R. 4412-57).

    Il faut savoir que ces substances sont classées selon des normes européennes qui définissent leur dangerosité ainsi que leurs caractères cancérogènes, mutagènes ou toxiques (arrêté du 26 octobre 2020).

    Les entreprises des industries pharmaceutiques et chimiques sont ainsi tenues de respecter des mesures préventives rigoureuses :

    1. Évaluation des risques pour toutes leurs activités

    Cette étape permet de définir les mesures d’hygiène, les seuils d’exposition, les produits dangereux à substituer ou supprimer...

    1. Amélioration des conditions de travail et aménagement des environnements

    De nombreuses contraintes doivent être respectées : locaux spécifiques pour certaines opérations incluant l’installation de systèmes de ventilation ou de dépollution, stockage réglementé et signalisation obligatoire des substances chimiques, l’entreprise est, notamment, tenue d’apposer sur tous les produits stockés ou manipulés des étiquettes.

    Tous les postes de travail à risques doivent être équipés de systèmes d’urgence en cas d’incident, des alarmes et un dispositif de sécurité sur les machines. Une maintenance régulière de tous les équipements est imposée.

    1. Prévention obligatoire pour tous les employés

    L’entreprise se doit de communiquer avec transparence sur la nature des risques. Des fiches de prévention sont ainsi établies et disponibles. Des temps de formation du personnel sont instaurés. L’objectif est de sensibiliser les travailleurs aux risques qu’ils encourent pour les inciter à se protéger et à respecter les protocoles de sécurité, par exemple le port des EPI.

    Dans les industries chimiques et pharmaceutiques, des visites médicales régulières sont imposées pour assurer le suivi des salariés par les services de santé.

    Les solutions individuelles

    Quel que soit l’environnement, le rôle des équipements de protection individuelle est de protéger les travailleurs et de réduire les risques d’accidents. En fonction des besoins, les EPI doivent répondre à des normes de conformité. Il faut savoir que tout ce matériel doit posséder le marquage CE.

    Dans le secteur des industries chimiques et pharmaceutiques, le choix des matériaux dépend de la nature des agents chimiques utilisés et des activités réalisées sur les postes de travail.

    La composition des EPI est évaluée en fonction de sa résistance à la corrosion, la perméation, les fortes chaleurs…

    Pour garantir une parfaite étanchéité contre les projections de liquides chimiques, les émanations de gaz ou de vapeurs toxiques, les textiles et vêtements cousus doivent être écartés. Le plus souvent, les équipements sont composés de latex, nitrile, néoprène, polychlorure de vinyle (PVC) ou d’alcool de polyvinyle (PVA). Certaines résines en polyéthylène de haute-densité peuvent aussi être employées.

    La notice du fabricant détaille les règles techniques de maintenance et d’entretien : instructions de stockage, nettoyage, délai de péremption... Des EPI endommagés doivent être immédiatement remplacés.

    Des EPI adaptés à l’environnement et aux agents chimiques utilisés

    EPI secteur chimie

    Les vêtements de protection

    Dans l’industrie chimique et pharmaceutique, une tenue de travail est obligatoire. Même si les risques sont variables, elle doit couvrir, a minima, les bras et le corps. Ainsi, ce peut être une simple blouse et, dans des environnements plus critiques, une combinaison complète.

    Si la nature des produits employés et leur niveau de dangerosité est le premier critère à considérer, le choix de la composition des vêtements de protection prend en compte une multitude de facteurs :

    • Les tâches de travail et la durée d’exposition.
    • L‘environnement : espace confiné, température, pression…
    • Les risques thermiques et électriques sur leur poste de travail. Les tenues doivent répondre dans ce cas à des normes spécifiques supplémentaires.
    • Les contraintes spécifiques à chaque travailleur pour personnaliser les EPI et leur garantir un confort optimal.

    Il existe 6 classes différentes pour protéger des risques chimiques.

    • Classes 1 et 2 : normes NF EN 943-1 et 2 qui qualifient les combinaisons étanches au gaz.
    • Classe 3 : norme NF EN 14605, utilisée pour des manipulations de substances liquides.
    • Classe 4 : norme NF EN 1460, préconisée lors des opérations de pulvérisation.
    • Classe 5 : norme NF EN ISO 13982-1, pour les poussières ou particules solides d’agents chimiques pouvant être transportées dans l’air.
    • Classe 6 : NF EN 13034. Il s’agit d’une protection plus limitée.

    Les gants

    Il s’agit d’une des protections les plus importantes. Si le gant fin à usage unique peut être parfois indiqué, les gants réutilisables aux normes NF EN 420 restent les plus recommandés. Leur composition dépend évidemment de la nature des produits chimiques utilisés ou manipulés.

    L’épaisseur du gant doit aussi être adaptée à la tâche : pour des manipulations fines, le composant ne doit pas entraver les gestes de l’opérateur.

    Mais dans certains environnements, des risques supplémentaires peuvent apparaître. Par exemple, en laboratoire, lors de manipulations de verreries, les gants doivent être parfaitement antidérapants pour ne pas glisser et éviter les risques de chutes. L’emploi d’objets coupants implique aussi que les gants doivent résister aux coupures.

    Comme pour les vêtements, il convient aussi de considérer les risques thermiques, électriques et électrostatiques, notamment lorsque des substances chimiques inflammables sont utilisées en zone ATEX.

    Les chaussures de sécurité

    Pour assurer la sécurité des travailleurs, la norme EN 345 S2 impose le port de chaussures hautes et fermées.

    De nombreuses normes répondent à des exigences spécifiques. Pour prévenir les risques de glissade et de chute, les semelles antidérapantes, NF EN ISO 20344 à 20347, sont en parfaite conformité.

    Les normes NF EN 13832-1 à NF EN 13832-3 sont plus spécifiques au risque chimique et résistent à la corrosion.

    Les protections respiratoires

    Dans le secteur chimique et pharmaceutique, l’atmosphère peut être nocive ou toxique sur certains lieux de travail. Toute personne exposée à des vapeurs d’aérosol, de gaz ou des émanations de liquides chimiques doit impérativement porter un masque de protection.

    Il existe différents modèles :

    • Les filtres à poussière et les masques à cartouches qui doivent être conformes aux normes NF EN 132 à 149.
    • Les appareils respiratoires sont privilégiés lorsque la concentration de polluants est particulièrement élevée pour alimenter en air non contaminé l’opérateur.

    Les accessoires de protection supplémentaires

    En fonction de la nature des activités, des protections complémentaires sont recommandées.

    Pour protéger les yeux : des lunettes ou un masque à visière en polycarbonate (NF EN 166). À noter qu’il est fortement déconseillé de porter des lentilles de contact afin de se protéger des risques de projection.

    Lorsque le niveau sonore est particulièrement élevé, du fait de l’emploi de certains équipements ou machines, le personnel doit pouvoir disposer de protections auditives comme des bouchons d’oreille.

    EPI secteur chimique

    Les réglementations dans le secteur de l’industrie chimique et pharmaceutique

    S’il existe des réglementations pour certaines substances, comme l’amiante, le Code du travail n’est pas très exhaustif sur le sujet. L’article R4452–17 indique que les EPI doivent permettre de réduire “les expositions à un niveau qui ne dépasse pas les valeurs limites.”. Le risque dépend donc de la toxicité des agents chimiques et de leur état.

    Le choix de la tenue de protection est fixé par l’entreprise, en fonction des recommandations du médecin conseil et en accord avec le CHSCT. Les EPI doivent être fournis gratuitement par l’entreprise qui est dans l’obligation d’assurer une maintenance régulière du matériel.

    Avant de choisir ses EPI, il est aussi recommandé de tester divers modèles pour vérifier leur confort et même éventuellement leur esthétisme. Il s’agit en effet parfois d’un critère de refus ou à l’inverse de motivation pour l’utilisateur. Il est important de personnaliser les EPI en fonction de la corpulence des usagers et de leurs éventuels problèmes allergiques.

    Dans les industries chimiques et pharmaceutiques, les équipements de protection individuelle sont une obligation. Pour adopter les bonnes pratiques, l’employeur se doit de sensibiliser ses salariés aux risques et les former à utiliser et porter correctement leurs EPI.

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