GARDEZ VOS DISTANCES AVEC LES BARRIÈRES IMMATÉRIELLES DE SÉCURITÉ

Par Seb Strutt, spécialiste de la sécurité, SICK (RU)

 

Pour garantir qu'une machine ou qu'un équipement automatisé soit sûr pour les opérateurs, un ingénieur en santé et sécurité doit analyser et identifier les mouvements principaux qui présentent un risque net et présent.

De tels risques existent dans les procédés tels que l'usinage du métal ou du bois, les presses, les équipements robotiques, le moulage du plastique, l'emballage, l'impression et la fabrication de tissus et générale.  Les barrières immatérielles de sécurité, les tapis sensibles à la pression, les systèmes de commande à deux mains et les protections sans dispositif d'interverrouillage doivent être analysés avec soin pour garantir leur efficacité.

Les différentes réglementations de sécurité relatives aux machines et les normes techniques afférentes, applicables dans l'UE ont créé l'un des systèmes de sécurité les plus complets au monde. Cette législation doit être appliquée avec rigueur.

 

Vitesse du mouvement humain

La mise en œuvre de la norme EN ISO « Sécurité des machines - positionnement des moyens de protection par rapport à la vitesse d'approche des parties du corps humain » met en avant les dangers cachés, afin de permettre d'anticiper les risques non détectés pour la sécurité des opérateurs machine.

Le positionnement incorrect du dispositif de sécurité est l'une des raisons les plus courantes de défaut de conformité.   Le concepteur d'une machine doit donc s'assurer que toutes les mesures de protection soient en mesure de réagir suffisamment vite pour anticiper les blessures.

Mais, il n'y a pas lieu de paniquer. La simplicité des dispositions et de leur mise en œuvre démontre qu'il est facilement possible d'être en conformité.  Pour se lancer dans cette mesure, il est toutefois indispensable qu'une personne compétente fasse des mesures concernant la distance entre la zone de risque et le dispositif de sécurité et son orientation par rapport au danger.

Pour garantir la conformité en termes de sécurité, l'ingénieur de sécurité doit impérativement obtenir la meilleure précision possible dans le cadre des calculs complexes de distance et de l'estimation de la durée d'arrêt dans une position sûre du mouvement dangereux.

 

Calcul de la distance

Par exemple, sur une presse alimentée manuellement, si une pièce est mal placée, la réponse courante de l'opérateur sera d'essayer de modifier sa position et d'attraper cette pièce pendant la course vers le bas de la presse. La volonté d'éviter les rebuts et de réduire les sanctions pour mauvais usinage peut s'avérer dangereuse.

La vitesse de la main d'un opérateur pouvant facilement être de deux mètres par seconde, une barrière immatérielle de sécurité placée trop près de la presse signifierait que la main pourrait atteindre la zone dangereuse avant d'enclencher une réaction de la presse suite à la commande d'arrêt de la barrière. Les conséquences seraient dévastatrices.

Il est donc essentiel de calculer la bonne distance de sécurité afin de prévenir tout risque de blessure.

 

Voir fig. 1 ; une configuration typique avec une barrière immatérielle de sécurité, la distance de sécurité étant affichée avec la lettre S

Zone dangereuse

Sol

Approche perpendiculaire / entrée perpendiculaire dans le niveau de champ de protection

 

Pour une barrière immatérielle verticale :

  • La distance de sécurité verticale (zone de sécurité de passage ou Srt) est calculée à partir de la vitesse d'approche (K) multipliée par la durée de réponse totale de la machine (T), à laquelle s'ajoute une constante (C) dépendante de la spécification de la barrière immatérielle, Srt = (X*T) + C.

 

Pour une barrière immatérielle de détection du corps entier à plusieurs faisceaux (généralement trois ou quatre faisceaux) :

  • L'équation devient Srt = (K * T) + 850 mm.

 

Avec plusieurs faisceaux :

  • La distance de sécurité minimale doit être supérieure à 850 mm pour prendre en compte la longueur du bras lorsqu'il essaie de passer dans la grille du faisceau lumineux.

 

La norme décrit également les calculs à faire pour le positionnement horizontal correct des barrières immatérielles, tapis de sécurité et commandes à deux mains. L'orientation et la hauteur de montage des équipements sont des paramètres importants pour le calcul.

 

Passage dangereux

Le problème du passage au travers des barrières immatérielles a été un élément tout nouveau des normes 2010. La hauteur du danger par rapport au niveau du sol, lorsque le mouvement est réalisé en position debout, constitue un facteur décisif pour la hauteur du faisceau supérieur de la barrière immatérielle.

 

Voir fig. 2 ; le calcul de la distance de sécurité de portée est nouveau dans la norme

Zone dangereuse

 

Distance de sécurité de portée :

  • la distance (Sro) est calculée en ajoutant une constante spécialement mesurée (Cro) à l'équation, Sro (K*T) + Cro.

 

Cro est déduite du tableau ci-après :

Fig. 3 : tableau de la valeur Cro

Hauteur de l'arête supérieure de la zone de détection de la barrière immatérielle

Hauteur du risque

Par principe, pour guide, les zones de la table repérées par un « 0 » représentent les parties dans lesquelles le dépassement de portée ne constitue pas un risque. Cela signifie qu'une hauteur de danger de 800 mm, avec l'arête supérieure de la zone de détection de la barrière immatérielle à 1 600 mm ne peut pas être atteinte par dépassement de la portée. La norme différencie de manière plus détaillée les zones dangereuses en portée directe et indirecte.

Si la distance de sécurité Srt selon la norme est également calculée pour la configuration, la distance en résultant doit être la plus grande obtenue : Srt ou Sro. Les résultats peuvent être joints à la machine subissant l'analyse, afin de constituer un guide imminent pour son fonctionnement en toute sécurité et son statut de sécurité.