Qu’est-ce que l’écoconception ?

La conscience des enjeux environnementaux se diffuse auprès des citoyens, qui perçoivent de plus en plus l’impact du changement climatique à travers les inondations, tempêtes et multiplication des événements extrêmes. Cela influence désormais leurs choix de consommation, sans qu’ils soient prêts à renoncer à leur mode de vie. Ce difficile équilibre conduit les entreprises à repenser le cycle de vie d’un produit à l’aune de l’environnement. C’est toute l’idée de l’écoconception. Mais qu’entend-on réellement par écoconception ? La question peut sembler simple à tout concepteur mais il n’en est rien ! Saviez-vous qu’il existe plus d’une trentaine de définitions de l’écoconception ? Quels sont les enjeux de l'écoconception ? Quelles sont les normes actuelles de l’écoconception ? Petit tour d’horizon.

Qu'es-ce que l'éco-conception ?

Article publié le 25/11/2021

Définition de l’écoconception

L’écoconception peut se définir comme une démarche des entreprises, centrée sur toutes les phases de développement du produit. Elle est parfois imposée pour répondre aux exigences issues d’une réglementation française et européenne prolixe. Dans d’autres cas, elle résulte d’une démarche volontaire de l’entreprise, soit pour anticiper de futures normes, soit pour économiser et adopter une démarche innovante et différenciante de la concurrence.

Toute démarche d’écoconception répond à plusieurs principes : modulaire, l’écoconception peut affecter tout le cycle de vie d’un produit ou seulement certaines parties. Elle est ainsi plus facilement mise en œuvre dans un grand nombre de secteurs d’activité tels que l’électronique, l’automobile, les produits d’équipement et la plupart des produits de grande consommation.

Pour le concepteur, l’écoconception apporte une nouvelle approche du produit et permet de développer en parallèle la qualité du produit, sa fonction et les technologies employées. C’est donc une source d’innovation importante pour les entreprises. Le lancement d’une démarche d’écoconception peut sembler parfois onéreux mais les économies réalisées à moyen terme sont réelles, grâce à l’optimisation de tous les processus.

C’est une approche globale qui repose sur la manière de diminuer l’impact environnemental à chaque phase de création du produit : matières premières, fabrication, distribution, usage et fin de vie. L’écoconception prend en considération tous les critères comme la consommation d’énergie nécessaire, les rejets dans le milieu naturel, la biodiversité et parfois également les aspects sociaux, selon certaines acceptions.

Ces principes font de l’écoconception un des piliers de l’économie circulaire. Les deux notions rejoignent des objectifs communs et s’articulent autour du cycle de vie du produit. Selon l’ADEME (Agence de la transition écologique), l’économie circulaire vise à changer de paradigme par rapport à l’économie dite linéaire de la vie d’un produit, en limitant le gaspillage des ressources et l’impact environnemental, tout en augmentant l’efficacité à tous les stades de l’économie des produits.

Focus

Écoconception, éco design, désign écologique, quelles différences ? Si la traduction de design en français est conception, les deux notions ne sont pas totalement similaires. En effet, l’éco design ou design écologique ajoute des pratiques environnementales au design des produits. L’écoconception apparaît comme une notion plus large qui englobe l’environnement dans tout le processus de développement du produit et dans chacune des fonctions. C’est l’ensemble du cycle de vie du produit qui est impacté, notamment avec l’achat des matières premières ou la fin de vie du produit.

le saviez-vous ?

Les normes de l’écoconception

La directive sur l’écoconception 2009/125/CE (dite directive ErP pour Energy-Related Products) permet de fixer par règlement des exigences de performance minimale des produits en Europe. Elle a remplacé la directive de 2005 (directive 2005/32/CE dite EuP pour energy-using products) dont elle élargit le champ d’application à tous les produits d’énergie.

Cocorico, rappelons que la France a été précurseur et moteur dans l’adoption de normes d’écoconception ! Les premières recherches sur l’analyse du cycle de vie (ACL) datent des années 60. Toutefois, il faut attendre 1998 avec la documentation française FD X 30-310 qui a servi de base à la première norme internationale ISO 14062 parue en 2002.

Actuellement, l’écoconception est définie par la norme ISO 14006 dans sa version 2020 comme une “approche méthodique qui prend en considération les aspects environnementaux du processus de conception et développement dans le but de réduire les impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie d’un produit".

La révision de la norme en 2020 inscrit l’écoconception dans un système de management environnemental (SME). Ainsi, elle pose les grandes lignes pour accompagner les entreprises à établir, mettre en œuvre et optimiser le cycle de vie d’un produit dans le cadre d’une démarche d’amélioration continue.

Les normes ISO 14040 et 14044 encadrent plus spécifiquement l’analyse du cycle de vie d’un produit. Une approche globale, en plusieurs étapes et selon plusieurs critères, s'impose pour compiler et évaluer les intrants, les extrants et les impacts environnementaux potentiels. Les lignes directrices et la méthodologie sont fournies par la norme ISO 14044.

Enfin, la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire (dite loi AGEC) introduit l’éco-conception dans la raison d’être du Code de l’environnement. Ainsi, l’article L 110-1-2 dispose désormais que l’objet du Code est de “prévenir l'utilisation des ressources, puis de promouvoir une consommation sobre et responsable des ressources basée sur l'écoconception, puis d'assurer une hiérarchie dans l'utilisation des ressources, privilégiant les ressources issues du recyclage ou de sources renouvelables, puis les ressources recyclables, puis les autres ressources, en tenant compte du bilan global de leur cycle de vie”.

Les secteurs d’application

La directive sur l’écoconception précitée prévoit la mise en œuvre de règlements européens pour chaque catégorie de produits liés à l’énergie. Cela concerne tous les produits consommateurs d’énergie. Depuis, une trentaine de catégories de produits a ainsi fait l’objet de réglementation volontaire ou non : éclairage, appareils électroménagers, téléviseurs, ordinateurs, moteurs électriques, etc.

Les règles sur l’écoconception des produits liés à l’énergie sont souvent mises en parallèle avec celles sur l’étiquetage des produits. Sur ce sujet, la directive 2010/30/UE a été remplacée par le règlement 2017/1369. D’un côté, on assure la commercialisation de produits plus économes en énergie (au moyen de l’écoconception) et de l’autre côté, on encourage les consommateurs à acheter les produits les plus efficaces (grâce aux informations de l’étiquetage énergétique).

L’application de la directive peut prendre deux formes :

  • Des accords volontaires peuvent exister entre fabricants avec des objectifs de réduction de la consommation d’énergie. Ainsi, les producteurs de consoles de jeu vidéo ont signé un accord visant à réaliser des économies d’énergie de 41 TWh sur l’ensemble du cycle de vie de la dernière génération de consoles.
  • Des règlements européens voient le jour pour réglementer d’autres types de produits. Par exemple, les lave-vaisselle ont désormais le règlement 2019/2022 entré en vigueur le 1er mars 2021. Il fixe des règles en matière d'écoconception concernant l’efficacité énergétique, les performances de nettoyage et de séchage, les informations relatives aux produits.

Autre exemple, la consommation des produits électriques quotidiens (ordinateurs, téléviseurs, équipements audio et vidéo, fours à micro-ondes et jouets électriques) en mode veille ou arrêt. Depuis janvier 2017, ces dispositifs ne peuvent pas consommer plus de 3 à 12 watts selon le produit, contre 20 à 80 watts auparavant. Cela devrait permettre d’économiser 36 à 38 TWh supplémentaires.

Les enjeux de l’écoconception

Ainsi, plus aucun secteur de l’automobile à la chaudière, en passant par les produits de la vie quotidienne n’échappe à une écoconception, qu’elle provienne d’une démarche volontaire ou qu’elle soit issue d’une obligation légale. Chaque produit peut et doit être repensé et amélioré. C’est une formidable source d’innovation et de croissance pour les entreprises. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de l’écoconception.

L’écoconception reste l’apanage de l’industrie : 62 % des entreprises interrogées lors d'une étude de l’ADEME en 2014 portant sur la profitabilité de l’écoconception appliquent la démarche. Il s’agit essentiellement de PME rentables et innovantes. Selon une étude de l’ADEME publiée en 2017, elle peut permettre de diminuer les coûts de production (jusqu’à 20 % dans certains cas), mais surtout d’accroître systématiquement la valeur d’usage des produits, d’augmenter le chiffre d’affaires (de 7 % à 18 %), et de prendre de l’avance sur la concurrence.

Toutefois, le baromètre 2020 de l’écoconception marque la croissance de cette démarche dans toutes les entreprises : sur près de 400 entreprises interrogées, 300 ont intégré l’écoconception dans leurs plans stratégiques. Une entreprise répondante sur cinq applique la démarche d’écoconception à un niveau généralisé pour tous ses nouveaux produits. D’après l’étude, la motivation personnelle du dirigeant pour initier cette démarche est primordiale (64 %), tout comme le besoin d’anticiper les futures réglementations (40 %), en particulier pour les entreprises de plus de 50 salariés.

En outre, la responsabilité élargie des producteurs (REP) s’étend dans plusieurs secteurs d’activité d’ici 2025 : tabac, jouets, matériaux de construction, voitures, textile sanitaire à usage unique, emballages professionnels, etc. Inscrit dans la loi dès 1975, le principe de responsabilité élargie du producteur fait peser sur le producteur la charge de la gestion de la fin de vie de ses produits. La loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC) du 10 février 2020 réforme la REP pour mieux favoriser la prévention de la production de déchets à la source. Les producteurs financent ainsi les filières de gestion des déchets par l’application du concept de pollueur-payeur. Cela a rapporté 1,3 milliard d’euros en 2017 permettant de gérer les 8 millions de tonnes de déchets générés. Plus un produit est bien éco-conçu à l’origine, moins il coûte cher à l’entreprise au titre de la REP.

Que ce soit pour l’environnement, pour les clients ou pour l’entreprise, les bénéfices de l’écoconception sont essentiels : réduction des coûts, croissance du chiffre d’affaires, meilleure réponse aux attentes des consommateurs et aux exigences des pouvoirs publics, etc.

Les grandes étapes de l'écoconception d’un produit

Vous voilà convaincu de l’intérêt à agir ? Comment se lancer dans une démarche d’écoconception ? Voici 5 grandes étapes à intégrer :

1. Cadrage

Toute nouvelle démarche commence par un cadrage de la mission. Quelles règles s’imposent à l’entreprise ? Quelles sont les ressources à disposition ? Comment constituer l’équipe idéale pour mener à bien ce projet ? Quel est le dimensionnement de l'écoconception du produit ? Quel produit choisir ? Comment agit la concurrence ? Quels sont les labels ou certifications possibles ou nécessaires ? Quelle est la documentation à prévoir ?

2. Évaluation

L’analyse du cycle de vie du produit est évaluée à l’aune des enjeux environnementaux. C’est une étape indispensable de bien connaître la fabrication actuelle du produit pour mesurer les changements apportés par l’écoconception. Cette étape consiste à réfléchir et analyser le besoin par rapport à la situation actuelle pour mesurer les performances futures de l’écoconception.

3. Recherche et développement

Les concepteurs laissent place à toute leur créativité pour rechercher et développer des pistes d’amélioration à chaque étape du cycle de vie du produit. Ce processus doit répondre aux questions soulevées aux étapes précédentes en apportant des pistes de solution. Puis les différentes pistes sont hiérarchisées et argumentées pour permettre aux décideurs de sélectionner la meilleure. Une aide à la décision précieuse pour valider définitivement les choix. Les prototypes sont fabriqués et challengés dans tous leurs aspects.

4. Évaluation

La ou les solutions retenues sont alors évaluées par rapport à l’étape 2 pour comparer le résultat d’impact sur l’environnement. La meilleure solution est adoptée et ainsi le processus de certification ou de labellisation éventuel peut alors être soumis aux autorités.

5. Commercialisation

Le produit est lancé et il est temps de communiquer sur cette démarche d’écoconception auprès de tous en interne (collaborateurs, investisseurs) et en externe (clients, journalistes, partenaires). Les services marketing et communication prennent le relais pour promouvoir les bénéfices de l'écoconception.

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