Prévenir les risques de chutes de hauteur

Les chutes depuis un environnement de travail en hauteur sont à l’origine de 12 % des accidents de travail (Assurance Maladie : Rapport Annuel 2020, AT avec arrêt). Ils sont aussi la deuxième cause de mortalité sur son lieu de travail. Aucun secteur d'activité n’est épargné, même si les métiers du BTP, du nettoyage ou de la maintenance sont particulièrement concernés. D’où l’importance capitale revêtue par la prévention de ces types d’accident. Comment ? En sécurisant les lieux mais aussi en équipant ses collaborateurs d’EPI adaptés.

Article publié le 09/02/2022

Tomber de haut sur son lieu de travail peut entraîner des conséquences dramatiques : 17% des accidents de travail dus à une chute de hauteur sont mortels. Comme tous les risques encourus dans le cadre d’une activité professionnelle, le risque de chute de hauteur est réglementé par les dispositions prévues par le Code du travail (articles L. 4121-1 et suivants).

Identifier les situations à risque

Quand peut-on considérer que l’on travaille en hauteur ? Le Code du travail ne fournit aucune donnée chiffrée de la notion. Disons qu’elle recoupe toutes les situations de travail amenant ses collaborateurs ou ses employés à travailler en position élevée :

  • Soit depuis un emplacement de travail comme les toitures, les charpentes, les passerelles, les arbres, les terrasses, les pylônes…
  • Soit parce qu’ils ont recours à certains équipements : toutes les formes d’échelles, d’échafaudages, de plate-formes…
  • Soit parce qu’ils travaillent en surplomb d’une dénivellation : falaise, fosse, puits, quai, tranchée…

Des situations à risques qui se rencontrent dans tous les secteurs d'activité, incontournables même dans le cas de certaines professions : un charpentier-couvreur, un échafaudeur, un élagueur, un cordiste ne travaillent que très rarement de plain-pied.

En cas de perte d'équilibre depuis un lieu élevé, les conséquences de la chute dépendent de nombreux facteurs. De la hauteur depuis laquelle on tombe mais aussi de la partie du corps et de l’environnement qui « accueillent » la chute : on peut tomber sur un objet coupant, une surface dure ou dans une eau profonde. Les lésions causées par les chutes de hauteur sont souvent graves (traumatismes crâniens, fractures du bassin, de membres...), quand elles ne sont pas mortelles.

Prévenir les risques de chute, une obligation de l’employeur

Ce risque majeur d'accident graves, aux conséquences parfois dramatiques, nécessite la mise en œuvre de mesures de prévention strictes. C’est à l’employeur qu’il revient d’analyser les risques encourus par ses collaborateurs ou ses employés. Une analyse à mener dans le cadre de l'évaluation des risques professionnels – une obligation en entreprise - consignée dans le Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER). A partir des risques identifiés, l’employeur est tenu à certaines obligations :

  • Quand il le peut, il doit limiter les situations de travail en hauteur. Si ce n’est pas possible, il doit mettre en place des mesures et des dispositifs de protection collective ; sur le plan de la protection individuelle, il doit fournir gratuitement à ses employés des équipements de protection individuelle (EPI).
  • Pour toute intervention en hauteur, l’employeur est tenu d’informer ses employés des risques professionnels encourus : les former aux mesures de prévention et à la sécurisation de leur poste de travail. Pour l’usage de certains équipements comme les échafaudages et les équipements motorisés, il lui faut aussi prévoir des formations spécifiques.

En cas d’accident, l’employeur sera tenu de prouver qu’il a bien mis en œuvre toutes les mesures nécessaires pour prévenir le risque de chutes de hauteur.

Sécuriser les postes de travail en hauteur

  • Il faut limiter les situations de travail en hauteur autant que possible. Prévoir un maximum d'opérations au sol ou recourir à des outils qui permettent d’éviter des ascensions risquées, des outils dotés par exemple de manches télescopiques.
  • Privilégier la présence d’équipements fixes ou mobiles, permanents ou temporaires.

S’il faut travailler en hauteur, on privilégie la présence d’équipements fixes permanents, conformes aux normes de résistance et de dimension : on installe des ascenseurs, des monte-charges, des échelles fixes ou à marches, des escaliers avec rambarde… On veille aussi à sécuriser les zones de travail élevées, grâce à des garde-corps et des barreaudages, des plateformes de travail et des marchepieds fixes, des mains courantes, des nacelles permanentes de nettoyage de façade et de vitres.

On peut préférer aussi un équipement temporaire, pour permettre à ses collaborateurs un accès en hauteur stable et sécurisé : les échelles et les escabeaux sont des postes de travail de courte durée. Sinon, il existe toute une gamme de dispositifs, mécanisé ou non, (plateaux suspendus, plate-formes, échafaudages, garde-corps) qui permettent d’assurer à ses collaborateurs un travail en hauteur protégé.

Fournir les EPI adaptés aux situations à risque

Vos collaborateurs travaillent dans des environnements impossibles à sécuriser contre les risques de chutes en hauteur ? Dans ce cas, c’est encore à l’employeur qu’il incombe de leur fournir des équipements de protection individuelle (EPI) pour les protéger.

Depuis la directive européenne du 21 décembre 1989, ces équipements doivent répondre à des normes européennes pour être considérés comme des EPI protégeant des risques de chute en hauteur. Des normes qui imposent aux fabricants différentes procédures de certification de conformité (répertoriées par l’article R. 4313-57 du Code du travail). Trois types d’EPI sont ainsi répertoriés, selon la gravité des risques encourus en cas de chute, des risques dits « minimaux » aux risques « graves » ou « mortels ».

A quoi reconnaît-on un EPI antichute ? Il est toujours composé des trois éléments suivants :
- Un dispositif de préhension du corps : ce sont les harnais ou les vestes-harnais
- Un mécanisme de sécurité : les antichutes et les absorbeurs d’énergie
- Un système de liaison arrimé à un point d’ancrage : ce sont les longes et les mousquetons

Les 3 niveaux de performances

Trois systèmes de sécurisation sont possibles :

    • Un système de retenue : La liberté de mouvement du collaborateur ou de l’employé est restreinte ; il est sécurisé à l’aide d’un élément de liaison raccordé à un point d’ancrage sûr. Une manière d’éviter qu’il se retrouve au bord du vide ou sur un terrain escarpé.
    • Un système de maintien au travail : Lors d’une tâche effectuée en hauteur, l’employé est suspendu dans le vide à l’aide d’un élément de liaison réglable. Toutefois, pour encadrer le risque d’une chute, il faut associer ce dispositif à un système d’arrêt de chute.
    • Un système d’arrêt de chute : Ce dispositif n’empêche pas de chuter. Mais l’employé peut stopper sa chute, grâce à un harnais antichute et une longe avec absorbeur d’énergie ou un appareil antichute à rappel automatique.

Points de vigilance

En ce qui concerne les harnais et les longes, ils doivent être inspectés et vérifiés régulièrement par une personne compétente ET, avant chaque utilisation, par son utilisateur.

Dans le cas où vos collaborateurs travaillent en hauteur sur un terrain glissant - plateformes, platelages, passerelles mouillées ou nimbées de dépôts graisseux - l’employeur doit penser à les doter aussi de chaussures antidérapantes.

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