Bien choisir son équipement antichute

Passer à travers une toiture ou une charpente, tomber dans le vide, dans un trou, ou depuis un échafaudage… Selon les statistiques 2019 de la Cnam-TS les chutes de hauteur sont la deuxième cause des accidents du travail. Un quart de ces accidents entraînent une incapacité permanente. C’est aussi la première cause d’accidents mortels dans le BTP. Quelques conseils utiles pour choisir le matériel antichute adapté à son environnement de travail et à sa physiognomie.

Article publié le 23/02/2022

Quand tombe-t-on « de haut » ?

A partir de quand peut-on considérer que l’on travaille en hauteur ? Si le Code du travail ne fournit aucune donnée précise, on peut s’en remettre à son bon sens pour convenir que la notion recoupe toutes les situations de travail amenant ses collaborateurs ou ses employés à travailler en position élevée :

  • Soit depuis un emplacement de travail comme les toitures, les charpentes, les passerelles, les arbres, les terrasses, les pylônes…
  • Soit parce qu’ils ont recours à certains équipements - toutes les formes d’échelles, d’échafaudages, de plateformes…
  • Soit parce qu’ils travaillent en surplomb d’une dénivellation - falaise, fosse, puits, quai, tranchée…

Des situations à risques qui se rencontrent dans tous les secteurs d'activité, notamment dans les métiers du BTP, du nettoyage ou de la maintenance, incontournables même dans le cas de certaines professions : un charpentier-couvreur, un échafaudeur, un élagueur, un cordiste ne travaillent que très rarement de plain-pied.

L’employeur et le devoir de prévention

En cas de perte d'équilibre depuis un lieu élevé, les conséquences de la chute dépendent de nombreux facteurs. De la hauteur depuis laquelle on tombe mais aussi de la partie du corps et de l’environnement qui « accueillent » la chute : objet contondant, surface dure, glace, eau profonde… Comme tous les risques encourus dans le cadre d’une activité professionnelle, le risque de chute de hauteur est réglementé par les dispositions prévues par le Code du travail (articles L. 4121-1 et suivants). C’est à l’employeur de faire l’analyse de ces risques : une fois qu’ils sont identifiés, ils doivent être consignés dans le Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER). En cas d’accident, l’employeur devra prouver qu’il a bien mis en œuvre toutes les mesures nécessaires pour prévenir les risques de chutes de hauteur.

A partir des risques identifiés, l’employeur est tenu à certaines obligations :

    • Quand il le peut, il doit limiter les situations de travail en hauteur. Si ce n’est pas possible, il doit mettre en place des mesures et des dispositifs de protection collective : privilégier la présence d’équipements fixes ou mobiles, permanents ou temporaires. Sur le plan de la protection individuelle, il doit fournir gratuitement à ses employés des équipements de protection individuelle (EPI).
    • Pour toute intervention en hauteur, l’employeur est tenu d’informer ses employés des risques professionnels encourus : les former aux mesures de prévention et à la sécurisation de leur poste de travail. Pour l’usage de certains équipements comme les échafaudages et les équipements motorisés, il lui faut aussi prévoir des formations spécifiques.

A quoi reconnaît-on un EPI antichute ?

Un EPI antichute est toujours composé des trois éléments suivants :

      • Un dispositif de préhension du corps : ce sont les harnais et les vestes-harnais
      • Un mécanisme de sécurité : les antichutes et les absorbeurs d’énergie
      • Un système de liaison arrimé à un point d’ancrage : ce sont les longes et les mousquetons

Lors d’une chute, l’énergie est multipliée par dix à chaque mètre ; d’où l’impérieuse nécessité d’opter pour des EPI solides et résistants. Depuis la directive européenne du 21 décembre 1989, ces équipements antichute doivent répondre à des normes européennes qui imposent aux fabricants différentes procédures de certification de conformité (répertoriées par l’article R. 4313-57 du Code du travail).

Choisir le système de sécurisation en fonction de votre environnement de travail

Vous travaillez en surplomb de zones à risques (précipice, ravin, étendue d’eau etc.), optez pour un système de retenue : La liberté de mouvement du collaborateur ou de l’employé est restreinte ; il est sécurisé à l’aide d’un élément de liaison raccordé à un point d’ancrage sûr. Conformément à la norme NF EN 358, ce système doit être composé d’une ceinture ou d’un harnais, adapté à sa taille et à son poids, assorti d’une longe, de longueur modulable.

Vous travaillez en appui ou en suspension ? Optez pour un système de maintien au travail : lors d’une tâche effectuée en hauteur, l’employé est suspendu dans le vide à l’aide d’un élément de liaison réglable.

A noter : Les dispositifs de retenue et de maintien ne sont pas conçus pour arrêter une chute. Un dispositif antichute doit être utilisé en complément.

Vous travaillez au-dessus d’un environnement encombré ? Optez pour un système d’arrêt de chute : ce dispositif n’empêche pas de chuter. Mais l’employé peut stopper sa chute, grâce à un harnais antichute (Norme NF EN 361) et une longe avec absorbeur d’énergie (Norme NF EN 355) ou un appareil antichute à rappel automatique (Norme NF EN 360), rattaché à un point d’ancrage (Norme NF EN 795).

Quatre points de vigilance pour faire le bon choix

  1. Selon l’activité pratiquée, on prête attention à la matière du harnais : vous effectuez des travaux de soudure, vous travaillez avec un chalumeau ? On opte pour un équipement ignifugé ; avec une meuleuse ? On choisit un équipement anti coupure ; dans un environnement de travail où le risque d’explosion est important, à cause de la présence de matières particulièrement inflammables (carburant, combustibles, gaz ?) Un équipement répondant aux normes ATEX (ATmosphère Explosive) est obligatoire.
  2. On veille aussi à son confort : les harnais sont disponibles de la taille S à la taille XL. Dans le cas où votre constitution vous porte vers les plus petites ou les plus grandes tailles, préférez des modèles spécifiques. Pour une utilisation régulière et prolongée, les harnais dotés de sangles larges avec cuissards horizontaux sont plus confortables. Lors d’un travail suspendu, une sous-fessière (une sangle supplémentaire qui permet une assise) permet un confort optimal. Dans le cas d’une utilisation occasionnelle, le choix d’une veste-harnais peut être un choix judicieux.
  3. Il faut régler la longe sur la bonne longueur, pour sécuriser l’utilisateur tout en veillant à ce que ses gestes ne soient pas entravés
  4. Attention aussi au système d’ouverture/de fermeture du connecteur, l’élément de connexion entre la longe et le harnais
    • En acier et de grande taille avec une grande ouverture, pour des interventions dans des conditions difficiles ou pour connecter les structures métalliques
    • En aluminium si on veut plus de légèreté, comme dans le cas de sauvetage
    • Avec un verrouillage à vis pour des manipulations occasionnelles, un verrouillage automatique pour des manipulations fréquentes

NE PAS OUBLIER D'ENTRETENIR SON ÉQUIPEMENT

• En ce qui concerne les harnais et les longes, ils doivent être inspectés et vérifiés régulièrement par une personne compétente ET, avant chaque utilisation, par son utilisateur.
• Dans le cas où vos collaborateurs travaillent en hauteur sur un terrain glissant - plateformes, platelages, passerelles mouillées ou nimbées de dépôts graisseux - l’employeur doit penser à les doter aussi de chaussures antidérapantes.

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