Les équipements de protection pour les femmes
Loin d’être un effet de mode, le besoin en matière d’EPI pour femmes, au-delà d’un simple coup marketing, est une préoccupation réelle.
Article publié le 03/06/2021
Les EPI et les femmes, un enjeu de sécurité
Une étude Britannique de la Women’s Engineering Society (WES) parue en 2010, citée dans un article de l’HesaMag1 le magazine de l'Institut syndical européen en santé et sécurité au travail, a cherché à mieux cerner les problèmes posés par les EPI pour les femmes et à identifier les types d’EPI les plus problématiques. L’objectif final de ce travail d’étude était d’amener les fabricants à améliorer leurs équipements. Les résultats de cette enquête sont basés sur les réponses des fournisseurs, des travailleurs et des travailleuses dans différents secteurs comme la construction, les technologies informatiques et l’énergie à qui la WES avait distribué des tenues de sécurité pour les femmes. Précision importante, la majorité (75%) des EPI portés par les femmes ayant répondu à l’enquête avaient été conçus pour des hommes.
« Les résultats de l’enquête ont montré l faible disponibilité de vêtements de protection spécialement conçus pour les femmes. Les vestes, les gants, les chaussures, les pantalons et les coiffes se sont révélés être les articles les plus problématiques. En outre, aucun EPI spécifique n’est disponible pour les femmes enceintes ».
Ajoutons que plus de la moitié des personnes interrogées ont signalé que leurs EPI les gênaient dans leur travail et les rendaient moins efficaces, et que c’était un facteur susceptible d’influencer une décision de cesser de travailler dans le secteur.
Ces éléments montrent combien les EPI destinés aux travailleuses faisaient et font encore aujourd’hui trop souvent défaut.
Des métiers masculins
La disproportion entre les travailleurs et les travailleuses dans des secteurs où les EPI sont fortement portés est à l’origine de l’absence de ceux-ci en version féminine. Ils ont d’abord été conçus pour les hommes. Selon l’Insee2, « en 2016, sur 87 familles professionnelles, 8 seulement sont équilibrées, 28 sont plutôt ou très féminisées, tandis que 51 sont peu ou très peu féminisées. Une vingtaine de familles professionnelles présentent même un déséquilibre « extrême », moins de 10 % de femmes ou d’hommes ». C’est le cas notamment pour cette dernière catégorie dans certains secteurs et métiers de l’industrie, de l’agriculture ou de la construction où l’emploi masculin domine.
On constate3 toutefois la féminisation de certains métiers typiquement masculins, par exemple :
- Les métiers d’ingénieurs (dont les écoles en 2017 comptaient encore seulement 30 % de femmes) et de cadres de l’industrie comptaient en 2019 25 % de femmes
- Les métiers de cadres du bâtiment et des travaux publics 19 %
- et les métiers de l’armée, de la police ainsi que les pompiers 14 %
Face à ce manque d’équipements, les femmes ont dû « adapter » elles-mêmes leurs EPI. Or, un EPI simplement « adapté » peut poser des problèmes de sécurité, à la fois pour la travailleuse et pour le processus, sans parler des éventuelles pertes de productivité.
En outre, l’absence d’EPI pensés pour les femmes est susceptible de retarder une embauche voire d’en décourager certaines.
La femme n’est pas une "version réduite" de l’homme
Alors que petit à petit la féminisation des secteurs dits masculins avance, les EPI mixtes sont apparus sur le marché. Mais bien souvent, les fabricants se sont simplement contentés d’adapter les tailles des EPI existants. Or les EPI conçus pour les hommes sont souvent inconfortables pour les femmes, puisque celles-ci sont morphologiquement différentes. Une femme n’est tout simplement pas une version réduite de l’homme. Les pieds féminins, par exemple, sont plus courts mais aussi généralement plus fins que leurs équivalents masculins. Ainsi, des chaussures d’homme de taille plus petite ne seront pas ajustées aux pieds d’une femme : même si la longueur est bonne, les chaussures seront souvent trop larges.
Outre l’inconfort que cela procure, le danger provient surtout de l’augmentation du risque de blessure induit. Par exemple, des chaussures de sécurité ou des combinaisons qui ne sont pas ajustées peuvent faire trébucher une utilisatrice. Autre exemple, un masque de traitement phytosanitaire mal ajusté à la forme du visage présente un risque d’intoxication.
Inclure le genre dans l’analyse ergonomique dès la conception d’un EPI contribue à réduire les accidents et les troubles musculosquelettiques. C’est pourquoi, la conception des équipements de sécurité vraiment adaptés à la morphologie féminine constitue un véritable un enjeu de sécurité.
L’offre d’EPI féminins a augmenté
Au fil du temps, la demande des salariées s’est renforcée, ainsi que la motivation des équipes de sécurité. Pour y répondre, fabricants et distributeurs ont développé des gammes d’EPI spécifiques (comme par exemple Parade avec sa gamme dédiée aux femmes) : des tenues plus seyantes, adaptées à la morphologie des femmes, offrant aussi l’avantage de représenter positivement leur entreprise. Car, outre le confort et la sécurité, un équipement de protection doit donner envie de le porter. Associer le travailleur au style de son équipement est une tendance qui se développe depuis quelques années, au masculin comme au féminin. Ainsi, certains fabricants proposent des plateformes numériques qui permettent de visualiser la personnalisation de leurs vêtements de travail sur mesure, y compris pour les EPI. D’autres proposent des équipements techniques colorés. C’est une tendance de fond qui séduit de plus en plus.
Interview de Parade
L’avis de Véronique PREZELIN, Responsable Marketing et Digital de Parade, fabricant français d’EPI
VP : Pour Parade, en plus de proposer des équipements de protection conformes aux normes, l’enjeu est de travailler à la fois sur le confort et sur le style car cela a un impact direct sur la façon dont l’EPI va être porté.
En effet, le premier défi pour un fabricant est que les EPI soient bien portés. Un élément important est la réceptivité des travailleurs au confort de leur équipement. Prenons l’exemple des chaussures de sécurité : le pied d’une femme est morphologiquement différent de celui d’un homme, il est plus fin, plus cambré et la posture entière diffère. Il nous a fallu rapporter des modèles adaptés pour que la travailleuse se sente à l’aise dans sa chaussure.
Si le premier frein au port d’un EPI concerne le confort, le second est celui du style, pour les femmes comme pour les hommes. Les travailleurs n’ont pas envie d’être déguisés et demandent des EPI aux tendances actuelles. Par exemple, toujours dans le domaine de la chaussure, la sneakers s’est développée. C’est une tendance forte et un dénominateur commun.
Au-delà du style, les femmes ne souhaitent pas non plus être déguisées en homme. Au lancement de notre gamme textile en 2017, nous nous sommes confortés aux souhaits de nos clientes, dont celui de pouvoir mettre en avant leur silhouette.
Au travail sur l’ergonomie et le confort s’ajoute donc celui autour des codes féminin, du look, du design avec un jeu sur les matières et les coloris.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres ?
VP : Chez Parade, la basket de sécurité Venice à l’imprimé féminin et fleuri figure dans le top 3 de nos ventes e-commerce. Cela montre que les codes du prêt-à-porter ont infusé. Parade a fait le choix d’avoir une grosse part de son offre adaptée aux femmes alors que ces dernières représentent moins de 10 % du marché global des EPI. Chez Parade, les articles femmes représentent 30% de notre offre.
Aujourd’hui, plus de 40% de notre CA de notre boutique en ligne est réalisé sur des offres destinées aux femmes.
Quel secteur a le plus évolué ?
VP : Dans les secteurs de plus en plus féminisés comme l’industrie, le transport et la logistique. Le BTP est encore très masculin, avec seulement 1 à 2 % de travailleuses et les spécificités des métiers amènent à une typologie d’EPI robustes et solides. Les codes du prêt-à-porter y sont donc moins déclinables. L’industrie, la logistique et le transport sont des secteurs où le champ d’action reste le plus large. Même dans les secteurs très féminisés comme la santé, qui compte 11 % de la population féminine active, les marques ont fait un effort pour suivre les tendances du style et proposer des modèles de plus en plus adaptés.
Sources
1 « Équipement de protection individuelle : le défi de l’adaptation aux femmes », HESMAG 2eme semestre 2015 #12 / 2 « Secteurs féminisés : la parité s’éloigne encore », Sophie Faure (Insee), 2020 / 3 Etude de la Dares (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques), 2017.
Pour approfondir
Découvrez d'autres sujets concernant les EPI pour mieux appréhender ce sujet lié à la sécurité.
Présentation des EPI
Il n’est pas aisé d’établir, de façon précise, un inventaire des risques auxquels les salariés sont exposés sur leur lieu de travail.Les EPI servent à prévenir ou à maîtriser les accidents de travail ou la survenue des maladies professionnelles. Mais alors, qu’est-ce qu’un équipement de protection individuelle ou EPI ?
Port des EPI : obligations employeurs/salariés
Employeur ou travailleur, la réglementation relative à l'utilisation des Équipements de Protection Individuelle (choix, mise en œuvre, entretien, vérifications et consignes d’utilisation)génère des obligations pour l’un comme pour l’autre, toujours dans une volonté de protéger l'utilisateur. Focus sur ces différents obligations.
Éléments associés
Vestes Oneida
La technologie de Parade pour le "mouvement libre" signifie que vous pouvez travailler avec vos bras relevés sans que la veste ne monte.
Gamme Boston
Mince et étirable avec doublure en Lycra à l'entrejambe, à l'arrière et derrière les genoux. Coupe ajustée avec ceinture ajustable intégrée.
T-shirts Olda
T-shirt à manches courtes avec soutien-gorge intégré en maille bleu respirante, attaché uniquement aux épaules pour la liberté de mouvement.
Gamme Joppa
La conception de la semelle prend en charge l'arc naturel du pied pour plus de confort et moins de fatigue en position verticale.